Document du Conseil pontifical pour la famille: "Famille et procréation humaine"

Fuente: FSSPX Actualités

Dans un document de 60 pages, intitulé “Famille et procréation humaine”, signé le 13 mai 2006 et rendu public le 6 juin, le Conseil pontifical pour la famille propose une synthèse de la doctrine de l’Eglise sur la famille. Condamnant "l’apologie de la famille mono-parentale, reconstituée, ou homosexuelle" et s’appuyant sur la doctrine sociale de l’Eglise - mais aussi sur Kant et Freud (!) -, le document proscrit les "revendications" des couples homosexuels qui demandent "les mêmes droits que ceux réservés au mari et à la femme" et "réclament le droit d’adoption". Les lois qui vont en ce sens fomentent "la crise de la famille" et du mariage, - ce dernier, "toujours plus tardif", est de plus en plus exposé "au divorce toujours plus facile et fréquent" et aux unions libres.

La vision actuelle de la famille est nourrie par "certains courants de bioéthique" qui "séparent la sexualité de l’amour". "La transmission de la vie devient une question de technique et de technicité", peut-on lire dans le document, qui dénonce un avenir "qui semblerait être celui d’une procréation sans amour humain".

Le Conseil pontifical pour la famille critique la manière de voir "l’union charnelle" où "chacun cherche le plaisir le plus intense ou l’utilité maximum pour lui-même. Les actes liés à la procréation sont ainsi subordonnés à la recherche du plaisir et à l’utilité des individus".

Le texte dénonce aussi les politiques de contrôle des naissances et "l’influence des idéologies malthusiennes". Il regrette que "le comportement sexuel des couples soit de plus en plus victime des pressions, voire de formes de coercition provenant d’autorités publiques, nationale ou internationales, et reprises sans scrupules par les organisations non gouvernementales". Le document donne ainsi l’exemple des femmes stérilisées de force dans certains pays pauvres.

"La culture moderne a oublié ses racines religieuses et humanistes et, en laissant de côté Dieu et la dimension spirituelle de l’homme, elle est devenue technique et scientifique", poursuit le document. Or, si l’Eglise reconnaît "les conquêtes de l’homme" et "n’est pas un adversaire de l’homme", elle veut que "ce pouvoir" soit utilisé pour le bien "de la vie".

Dans sa réflexion, le Conseil pontifical pour la famille refuse que l’homme "ne soit considéré que comme un individu, une sorte de Robinson Crusoé", car l’homme ainsi envisagé "doit essayer toutes les possibilités offertes par la science pour la production d’hommes nouveaux conçus selon les critères de la technique". Les expériences sur les plantes et les animaux "sont les signes avant-coureurs du clonage humain, ou les préambules pour arriver à l’homme fait à partir de l’homme, à son image et à sa ressemblance", dénonce le document condamnant "les pratiques funestes aujourd’hui légalisées dans certains pays", comme en Corée du Sud. En effet, si "les points de référence morale objectifs" disparaissent et que "la conscience humaine fabrique ses propres normes et les modifie à souhait", la procréation humaine perd sa spécificité proprement humaine.

Le document accuse, par ailleurs, le féminisme d’avoir "exacerbé les relations entre les sexes et accentué le caractère polémique de la relation entre homme et femme".

Le Conseil pontifical pour la famille rappelle enfin que l’avortement est "un délit abominable" qui ne doit pas être "banalisé". "Aucune circonstance, aucune fin, aucune loi dans le monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui demeure intrinsèquement illicite, car contraire à la loi de Dieu".

Ce rappel de la doctrine catholique sur la famille est publié un mois avant le voyage de Benoît XVI en Espagne, à l’occasion de la 5e Rencontre mondiale de la famille à Valence, les 8 et 9 juillet prochains. Le Saint-Siège est très attentif à l’évolution de la situation en Espagne, où le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a entrepris des réformes sur la législation du divorce, a légalisé le mariage entre homosexuels et veut rayer des programmes scolaires l’enseignement religieux.

Dans la soirée du 6 juin 2006, le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, s’exprimait sur les ondes de Radio Vatican. Il a ainsi expliqué que le document Famille et procréation humaine appelait les époux à "avoir une pleine confiance dans le Dieu de l’amour ". "Nous traversons, dans différents continents, mais surtout en Europe, un hiver démographique. Hiver démographique: il n’y a plus la vie, on a peur de la vie ! "

Dans ce texte, on explique "comment les époux peuvent ne pas avoir peur de la vie mais une pleine confiance dans le Dieu providentiel, dans le Dieu de l’amour, dans le Dieu qui enrichit le foyer familial par une nouvelle vie", a-t-il expliqué. "La famille fondée sur le mariage est l’emplacement et le lieu d’un amour total, réciproque, avec une donation pleine, et cette totalité est absolument centrale", car il s’agit d’une donation "ouverte à la vie".

Le cardinal colombien a alors souligné que "la famille est le lieu d’une procréation intégrale", c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas seulement de la conception ou de la naissance mais "de l’ensemble de l’éducation" chrétienne et humaine. "L’homme n’est pas un ‘produit’, n’est pas un effet de la technique, de la science, d’une médiation qui remplace la responsabilité, la grandeur de l’acte humain de l’amour", a-t-il affirmé.

Le lendemain 7 juin, le cardinal Alfonso Lopez Trujillo a déclaré à l’agence de télévision Rome Reports : "Les unions libres sont des fictions juridiques". Il s’agit d’unions "où l’amour est consensuel, mais n’a rien d’institutionnel". Interrogé sur les évolutions du concept de famille dans les sociétés occidentales, le prélat a relevé que l’on demande que ces unions soient traitées comme le mariage, "et l’on voudrait les effets que la loi donne au mariage, comme si ces unions libres étaient des mariages". Ces unions sont des fictions, puisqu’elles ne correspondent pas au mariage. "Elles n’ont aucune durée, elles n’offrent rien à la société ni aux enfants. (…) Ce sont des fictions juridiques et un juriste ne peut soutenir de simples fictions", a-t-il lancé.

Pour le président du Conseil pontifical pour la famille, les politiciens et les législateurs ne peuvent pas approuver des lois "quand elles vont contre l’homme, contre les droits naturels, contre la tradition des peuples et de l’Eglise". "Le politicien doit être cohérent avec sa foi, avec ce que lui demande la foi, avec ce que Dieu lui enseigne", a-t-il insisté. Et d’affirmer que "les hommes politiques catholiques sont obligés d’annoncer et de proclamer la véritable identité de la famille, de la défendre, de la proposer comme quelque chose de voulu par Dieu, qui procure le bien de l’homme, du couple, des enfants et des sociétés". Dans ce sens, a renchéri le cardinal, un politicien chrétien ne peut être d’accord avec certaines lois. - En octobre dernier, lors du Synode sur l’Eucharistie, le cardinal Lopez Trujillo avait déjà affirmé que "le catholique qui vote pour soutenir les candidats appuyant les lois abortives ou en faveur des unions différentes du mariage commet un péché".

Le 14 juin 2006, dans le quotidien italien La Repubblica, le président du Conseil pontifical pour la famille a qualifié de "positives" les réactions provoquées par le document sur la procréation humaine. "La clameur suscitée par le texte est positive. On en parle beaucoup, pas seulement en Italie", a déclaré le cardinal Lopez Trujillo : “Il n’y a pas eu que des critiques mais aussi beaucoup d’approbations”.

"Nous n’avons rien ajouté en dehors de la tradition ecclésiale. Nous avons répété les enseignements moraux traditionnels de l’Eglise, à partir de la défense de la famille et du mariage", a-t-il expliqué. "Ce qui préoccupe le plus l’Eglise, c’est surtout une certaine conception scientiste et matérialiste de la bioéthique et, en conséquence, de la vie".

"L’homme politique qui n’observe pas les enseignements moraux catholiques est cordialement invité à relire la doctrine de l’Eglise, les arguments anthropologiques et les vérités qui ont une valeur en soi et pour soi, non du point de vue de la foi, mais simplement du point de vue humain", a déclaré le prélat soulignant que ce document est pour cela "un support utile".

A propos de l’avortement, il a rappelé que dans le nouveau Code de droit canon, au n° 1398, "il est écrit clairement que celui qui commet le péché d’avortement encourt l’excommunication". Et "jusqu’ici, aucun pontife n’a changé cette norme".

Interrogé sur la raison le poussant à ne pas reconnaître les "unions de fait", notamment homosexuelles, le cardinal a expliqué qu’il "ne voulait pas toucher à ces aspects particuliers".

"En la matière, la doctrine de l’Eglise est claire, même si on dit qu’elle est dure, voire injuste", a-t-il expliqué. "L’Eglise est pour le mariage entre un homme et une femme". "Mais ceux qui vivent d’autres expériences doivent être respectés sans discrimination", a-t-il toutefois déclaré.

Sur le fait que l’Eglise puisse perdre une partie de ses fidèles par ses positions opposées à celles des hommes politiques, il a reconnu "qu’il y avait un certain risque". "Mais l’espoir est qu’une vérité claire qui provient du plan de Dieu fasse beaucoup de bien aux hommes, aux époux, aux enfants, et je suis sûr que bientôt elle sera écoutée par ceux qui sont en désaccord".