Argentine : le gouvernement Milei s’attaque au langage inclusif

Source: FSSPX Actualités

Manuel Adorni, porte-parole de la présidence argentine

Le gouvernement argentin du président Javier Milei a pris des dispositions contre le langage inclusif, l’interdisant notamment dans l’armée, et annonçant son intention de le bannir aussi de l’administration nationale.

Une décision concernant l’administration

« Sur décision du président, des démarches vont débuter pour interdire le langage inclusif et la perspective de genre dans toute l’administration publique nationale », a déclaré le 27 février 2024 le porte-parole de la présidence, Manuel Adorni.

« Il ne sera pas possible d’utiliser la lettre e, le @, le x (utilisés en espagnol pour éviter des indications de genre, NDLR) et l’utilisation inutile du féminin sera évitée dans tous les documents » de l’administration publique, a-t-il poursuivi. « La langue couvrant tous les secteurs, c’est le castillan, l’espagnol », a-t-il insisté.

Il a annoncé que le gouvernement mettra son veto, dans les communications de l’administration publique, à toutes les expressions qui vont à l’encontre des règles de l’Académie royale espagnole. « Les perspectives de genre ont été utilisées comme une affaire politique. »

Une précédente décision concernait l’armée

Le porte-parole présidentiel s’exprimait au lendemain de l’annonce par le ministère de la Défense de l’interdiction, sous peine de sanction, de l’usage du langage inclusif « dans le cadre du ministère de la Défense, des forces armées et organismes décentralisés du ministère ».

« L’objectif est d’éliminer des formes incorrectes de langage, qui peuvent générer une interprétation erronée de ce qui est souhaité, affectant l’exécution des ordres et le déroulement des opérations militaires », justifiait le ministère.

L’usage du langage inclusif dans l’administration était discrétionnaire sous le gouvernement péroniste (centre-gauche) précédent, mais nombre d’entités et institutions publiaient des « recommandations » ou « guide d’usage ».

Auparavant, il n’y avait pas de directives précises, mais un document ministériel de 2020 s’engageait à « accompagner les changements culturels dans les relations de genre (...) forgées au fil des années de l’engagement [militaire] des femmes ».

Le même document appelait à « discerner les bonnes pratiques » et contextes, et ne pas « imposer » une dénomination, relevant que « les jeunes femmes officiers, dans leur désir d’intégration, en général ne sont pas d’accord avec la féminisation des grades et des charges ».

Il faut relever que l’ancien président Alberto Fernández (2019-2023) a défendu l’utilisation d’un langage inclusif et son utilisation a été incorporée dans les communications publiques du ministère de la femme, du genre et de la diversité, maintenant éliminé par l’exécutif actuel.

Le « libertarien » et « anarcho-capitaliste » Javier Milei, comme il se décrit, n’a jamais fait mystère de son opposition au langage inclusif, au même titre que « l’idéologie de genre », qu’il a par le passé accusée de « saper les valeurs de la société ».

Le nouveau président de l’Argentine dit reconnaître la liberté d’employer ce langage, mais il estime que lorsqu’il est diffusé ou imposé dans un contexte d’Etat, il confine à « l’endoctrinement », composante selon lui d’un « marxisme culturel ».

Ce en quoi il est difficile de lui donner tort. La manipulation du langage est au cœur du processus marxiste révolutionnaire qui a su l’utiliser avec une habileté redoutable, que ce soit en URSS ou en Chine populaire. Elle est également au centre de la cancel culture et du wokisme.