La Mère de Dieu est-elle demeurée vierge dans son enfantement ?

Source: FSSPX Actualités

La Tradition distingue en Notre Dame la virginité avant la naissance, durant la naissance et après la naissance du Christ (ante partum, in partu et post partum). La question présente porte sur le deuxième aspect : la virginité in partu. La naissance de Jésus a-t-elle laissé intacte la chair de la Vierge ? Autrement dit la Mère de Dieu a-t-elle mis au monde son Fils sans rompre le sceau virginal ?

Les Pères de l’Eglise affirment cette vérité avec force. « Veux-tu savoir comment il est né d’une Vierge, et comment sa mère est demeurée vierge après la nativité ? Jésus est entré alors que la porte était close. » (Référence à la double venue du Sauveur ressuscité dans le Cénacle, après sa résurrection, « les portes étant fermées », Jn 20, 18 et 26) Saint Hilaire, Homélie sur saint Jean.

Saint Bernard l’exprime avec une belle image : « Le nom de Marie, désigne l’étoile de la mer : c’est en effet avec bien de la justesse qu’elle est comparée à un astre, car de même que l’astre émet le rayon de son sein sans en éprouver aucune altération, ainsi la Vierge a enfanté un fils sans dommage pour sa virginité. » Deuxième homélie sur l’évangile de l’Annonciation.

La liturgie en fait état dans la préface de la Sainte Vierge : « C’est elle qui a conçu votre Fils unique par l’opération du Saint-Esprit : et qui, sans rien perdre de la gloire de sa virginité, a mis au monde la lumière éternelle, Jésus-Christ, Notre-Seigneur. »

Le pape saint Léon, l’enseigne dans son Tome à Flavien : « Il a été conçu du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Mère, qui l’a mis au monde, sa virginité étant sauve tout comme elle l’avait été quand elle l’a conçu », DzS 291.

Le même pape précise cette pensée dans sa Lettre à Julien de Cos : « La nativité de Notre Seigneur selon la chair a certains traits qui lui sont propres, et par lesquels elle dépasse les commencements de la condition humaine : soit parce que seul il a été conçu et est né sans concupiscence (par l’Esprit Saint) de la Vierge inviolée ; soit parce qu’il est sorti du sein de sa mère de telle sorte que, à la fois, la fécondité a fait naître et la virginité est demeurée (…) », DzS 299.

Il est donc de foi que la Mère de Dieu est vierge in partu.

Il y a une très grande convenance à cette virginité in partu

Saint Thomas expose cette convenance dans sa Somme théologique (III, 28, 2) :

– Une première raison prend en considération la nature de celui qui naissait, le Verbe (la pensée) de Dieu. Notre pensée est conçue sans corrompre notre intelligence. Pour prouver que le corps du Christ était celui du Verbe de Dieu, il convenait donc qu’il naquît du sein inviolé de la Vierge.

Saint Thomas cite ici le sermon du concile d’Ephèse : « La femme qui engendre une chair pure, cesse d’être vierge. Mais le Verbe de Dieu, né dans une chair, a gardé la virginité de sa Mère, démontrant par là qu’il était vraiment le Verbe. Notre verbe corrompt-il notre esprit qui le produit ? Ainsi Dieu, Verbe substantiel, n’a pas détruit la virginité de la mère, de qui il avait résolu de naître. »

– Il convenait que celui qui venait ôter la corruption de nos cœurs naquît sans corruption du corps maternel.

– Le Verbe est le législateur qui a ordonné d’honorer ses parents ; il ne convenait pas qu’il diminuât l’honneur de sa mère.

Les Pères comparent ce miracle à celui de la Résurrection et aux apparitions au cénacle. Le sein de Marie est comparé à la porte orientale du temple d’Ezéchiel, scellée une fois pour toute parce que Yahweh est passé par elle. Et à la pierre du tombeau d’où le Sauveur ressuscité est sorti.

C’est pourquoi l’enfantement du Christ se fait dans la joie, sans aucune des peines qui accompagnent normalement la mise au monde pour les femmes, depuis la sentence lancée par Dieu au jardin d’Eden, sentence qui ne touche pas Marie. Réjouissons-nous avec elle à la crèche de la Nativité !