L’Eglise en Allemagne au bord du gouffre

Source: FSSPX Actualités

L’épiscopat allemand semble vouloir s’engouffrer - contre l’avis même du pape, certes timidement exprimé - dans la brèche ouverte de la synodalité au mépris de la discipline de l’Eglise universelle. Les évêques les plus conservateurs opposés au projet ont été mis en minorité, et d’aucuns entrevoient la perspective d’un schisme ouvert outre-Rhin. 

Le pape François a été interrogé le 10 septembre 2019, durant le vol qui le ramenait de son périple dans l’océan Indien, sur l’opposition qu’il rencontre de la part des milieux catholiques conservateurs américains. Il a répondu qu’il n’avait « pas peur des schismes ».  

Mais la Conférence des évêques d’Allemagne (DBK), semble se diriger, par un processus synodal pourtant encouragé par le pape, vers ce qui pourrait s’avérer être la première étape de la constitution d’une église indépendante de l’Eglise universelle, dans sa discipline comme dans sa pratique. 

En effet, le 19 août dernier, l’épiscopat allemand a rejeté la proposition commune du cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, et de Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne. Les deux prélats conservateurs avaient proposé une voie alternative au processus synodal soutenu par le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la DBK. 

Ils avaient mis en avant un « renouveau spirituel complet et approfondi compatible avec l’Eglise universelle et sa foi », afin d’exclure de la discussion les problématiques hétérodoxes : accès à la communion sacramentelle des « divorcés-remariés », accueil de l’homosexualité, ordination d’hommes mariés, etc. Mais d’après les informations recueillies par Catholic News Agency, le projet conservateur a été rejeté à une écrasante majorité : 21 voix contre 3. 

Le cardinal Woelki a alors mis en garde contre une « Eglise qui adapte sa foi au monde, ce qui n’est pas la marque du Saint-Esprit » et contre la tentation, pour la DBK, de se comporter « comme un parlement » - sans lien ni contrôle de la papauté, et au détriment du pouvoir de l’évêque dans son diocèse.

Les fruits de la collégialité de Vatican II

Déjà, lors de l’une de ses interventions au concile Vatican II, le 17 octobre 1963, Mgr Marcel Lefebvre entrevoyait les dangers que la collégialité faisait courir au gouvernement de l’Eglise.

Par elle, expliquait-il, « peu à peu, se substitueraient dans l’Eglise, au gouvernement personnel d’un seul Pasteur, des Collèges, soit internationaux, soit nationaux. Plusieurs Pères ont parlé du danger d’une diminution de pouvoir du Souverain pontife et nous sommes pleinement d’accord avec eux. Mais nous entrevoyons un autre danger, encore plus grave, s’il se peut : la disparition progressive et menaçante du caractère essentiel des évêques, à savoir qu’ils sont “vrais pasteurs, qui paissent et gouvernent chacun son propre troupeau, à lui confié, selon un pouvoir propre et immédiat et plénier en son ordre”. Bientôt et insensiblement, les assemblées nationales avec leurs commissions paîtraient et gouverneraient tous les troupeaux, de telles sorte que les prêtres eux-mêmes et les fidèles se trouveraient placés entre ces deux pasteurs : l’évêque, dont l’autorité serait théorique, et l’assemblée avec ses commissions qui détiendrait, en fait, l’exercice de l’autorité » (J’accuse le Concile, p. 25). 

Les fruits de la collégialité semblent parvenir outre-Rhin à maturité. Annibal ad portas… 

Mgr Lefebvre, J’accuse le Concile