Les grandes hérésies d’Hilaire Belloc (2)

Source: FSSPX Actualités

Les éditions Artège ont publié, cet été, une traduction française de l’ouvrage d’Hilaire Belloc (1870-1953), Les grandes hérésies. L’Eglise dans la tourmente.

 

Le trait commun à toutes les hérésies, et plus encore à tous les hérétiques, est donc la reconnaissance d’un seul et unique dogme, à l’exclusion de tous les autres : pouvoir choisir. Dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles précédemment cité, Philippe Maxence poursuit sa présentation de l'ouvrage de Belloc.

«  Tentation permanente au cours de l’histoire chrétienne, l’hérésie s’est incarnée de bien des manières. Mais lesquelles choisir dans le vaste ensemble hérésiarque ? Belloc prévient  : “Quiconque voudrait dresser la liste des hérésies qui ont balisé notre longue histoire doit savoir qu’il se trouve au-devant d’une tâche quasiment interminable”. Son œil exercé d’historien, capable d’un regard synthétique, le conduit à en retenir cinq : l’hérésie arienne, l’hérésie mahométane, l’hérésie albigeoise, l’hérésie protestante et ce qu’il nomme l’hérésie moderne. Point commun entre elles ?  “En sapant à la fois son autorité et son intégrité doctrinale, répond-il, leur succès aurait abouti à la destruction pure et simple de l’Eglise catholique”. Pas moins ! »  

L’islam, hérésie qui procède du rejet du Dieu incarné 

Le journaliste français poursuit avec l’analyse de l’islam par l’auteur : «  Une surprise – et de taille –, la présence de ce que Belloc appelle selon les termes de son époque, “l’hérésie mahométane” ! L’écrivain appartient à cette cohorte, rare, qui vit de très loin la résurgence du danger de l’islam pour l’Europe. Mais, de là à présenter la religion de Mahomet comme une hérésie chrétienne, il y avait un pas. Là encore, sa réponse, développée tout au long d’un chapitre intitulé La grande et durable hérésie de Mahomet, est limpide. Ce dernier, écrit-il, “formula clairement et sans équivoque son opposition radicale à la doctrine du Dieu incarné. Il professait que Jésus-Christ était le plus grand de tous les prophètes, mais pas plus qu’un prophète : c’est-à-dire un homme comme un autre.”  A vrai dire, l’islam porte en lui une autre spécificité, qui le distingue du reste des autres déviations du dogme chrétien. Cette hérésie “menaça l’Eglise catholique, explique Belloc, par la guerre et l’invasion, et non par quelque travail de sape intérieur”. Les choses n’ont pas fondamentalement changé jusqu’à aujourd’hui.

«  Essai vigoureux, à plusieurs égards prophétique, principalement en ce qui concerne ses vues sur l’islam, Les grandes hérésies paraît en Angleterre en 1938. C’est l’un des derniers ouvrages de son auteur, qui va s’éteindre en 1953, après une longue période de silence. Avec cet essai, il est en pleine maîtrise de son talent d’historien, genre auquel il a consacré une grande partie de son œuvre littéraire, sans que l’on puisse pourtant le réduire à cette seule passion. Passion ? Le terme lui-même semble faible dès qu’il s’agit d’Hilaire Belloc. Pendant de longues années, une sorte de feu intérieur a nourri un volcan qui s’est ensuite répandu à travers les laves du journalisme, de la controverse religieuse et politique, des biographies historiques et des études militaires, des contes pour enfants et de la poésie, des récits de voyage sur terre comme en mer.  » 

On ne peut que souscrire à la conclusion, en forme de souhait formulé par Les Livres d’Antoine : «  Les grandes hérésies  est un livre remarquable dont on ne saurait trop conseiller la lecture. Et il serait temps qu’Hilaire Belloc, ce catholique si zélé et si brillant, sorte de son purgatoire.  »