Monde : pressions pour mettre fin au célibat sacerdotal

Source: FSSPX Actualités

Ordinations au séminaire de Zaitzkofen (Allemagne).

Réuni au début du mois de septembre 2018, suite aux conclusions de la Commission royale d’enquête sur les abus sexuels dans l’Eglise en Australie, entre 1950 et 2010, le Conseil national des prêtres catholiques d’Australie s’est déclaré en faveur d’un « célibat optionnel » et de la « réadmission dans le sacerdoce des prêtres qui l’ont quitté pour se marier ». 

Le père James Clarke, président de l’organisme, a affirmé à la presse que « la majorité des prêtres du pays » sont en faveur du célibat optionnel et de la réintégration de prêtres mariés. Il soutient que ces demandes ne viennent « pas seulement des prêtres mais du peuple ». Avant de s’enthousiasmer : « Nous avons la possibilité de devenir une nouvelle Eglise, plus humble, plus indulgente. C’est une opportunité que nous ne voulons pas manquer ».

Dans ses conclusions, la commission ose établir un lien entre les affaires d’abus sexuels et le célibat des prêtres : « Bien que n’étant pas une cause directe d’abus sexuels sur des enfants, nous sommes convaincus que le célibat obligatoire (pour le clergé) et la chasteté (pour les membres d’instituts religieux) ont contribué à l’apparition d’abus sexuels, en particulier lorsqu’ils sont associés à d’autres facteurs de risque », est-il écrit dans le rapport. « Pour de nombreux membres du clergé et des religieux, le célibat est un idéal inaccessible qui les conduit à mener une double vie et contribue à une culture du secret et de l’hypocrisie ». 

La position du Conseil des prêtres est en porte-à-faux avec la réponse donnée par la Conférence des évêques catholiques australiens suite aux révélations d’abus qui ont notamment impliquées le cardinal George Pell, ancien évêque de Sydney. Les prélats avaient accepté de soulever la question auprès du Vatican, mais en précisant que le célibat obligatoire était une « pratique ancienne et positive de l’Eglise ».

Le ton est différent chez les évêques d’Allemagne. Réunis à Fulda le 26 septembre 2018, dans le centre du pays, ils ont en effet annoncé qu’ils souhaitent engager « un processus de discussion ouverte » sur « le célibat des prêtres et la morale sexuelle » dans l’Eglise. Dans la ligne du Conseil national des prêtres catholiques d’Australie, ils considèrent que « cette option fait partie d’un plan de mesures concrètes destinées à combattre les abus sexuels dans l’institution ». - Cette position scandaleuse est reçue favorablement par les « faiseurs d’opinion » qui récusent a priori l’existence d’un lien entre la corruption morale ambiante et les abus sur mineurs dans la société contemporaine.

Le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale, a affirmé que les discussions sur le célibat et la sexualité devaient se faire « sans tabou ». Il a indiqué que « des médecins, des psychologues, des sociologues et d’autres experts extérieurs à l’Eglise » seraient « impliqués dans les débats ». 

En Suisse, la question est déjà médiatisée par des laïcs. Dans le canton des Grisons, dans l’est du pays, une pétition « citoyenne » demande au pape François qu’il mette fin au célibat obligatoire des prêtres. Marqués par le départ de leur curé, l’abbé Marcel Köhle, contraint de quitter ses fonctions « pour aller vivre avec une femme », des paroissiens de Brigels, menés par une ancienne religieuse, demandent que le Saint-Père réintègre le prêtre et, par la même occasion, mette fin au célibat obligatoire. Lancée le 14 septembre 2018, cette pétition avait récolté un peu plus de 3.000 signatures au début du mois d’octobre.