Procès au Vatican : la défense invoque la théorie du bouc-émissaire

Source: FSSPX Actualités

Alors que le synode avance vers son terme, le « procès du siècle » se poursuit dans la discrétion au Vatican. La soixante-treizième audience a vu le début des plaidoiries de la défense de Fabrizio Tirabassi, ex-fonctionnaire de la secrétairerie d’Etat désormais poursuivi par ses anciens employeurs.

« Dans ce procès, qui a fait montre d’une grande complexité, le préjugé a parfois prévalu. Le promoteur de la justice était censé apporter des preuves au tribunal, et il ne l’a pas fait. » Le ton est donné dans la salle polyvalente des Musées du Vatican qui voit se dérouler, en ce 19 octobre 2023, la soixante-treizième audience du procès des investissements douteux de la secrétairerie d’Etat.

Entamant sa plaidoirie en faveur de son client, Fabrizio Tirabassi – ancien employé de la secrétairerie d’Etat accusé de blanchiment d’argent et de détournement de fonds – Me Cataldo Intrieri s’est efforcé de contester les résultats de l’enquête présentés par le promoteur de justice du Vatican, Alessandro Diddi.

Quant à la gestion des fonds de la secrétairerie d’Etat, les sommes en jeu, a-t-il souligné, « étaient l’argent du pape, confié à la garde de la secrétairerie d’Etat, et personne n’a gagné un euro dans cette histoire », précise l’avocat qui ajoute qu’un « mauvais investissement ne constitue pas un délit ».

Selon la défense, « la raison d’Etat plane sur les débats », et l’enquête revêt une dimension « dystopique. (…)  On a construit un complot colossal et un scénario non moins colossal autour de l’affaire de l’immeuble de Londres, dans lequel (mon client) aurait tiré les ficelles », explique Me Intrieri qui estime que ces accusations ont « fondu comme neige au soleil » durant les précédentes audiences.

Répondant à Paola Severino, avocate de la secrétairerie d’Etat qui s’est portée partie civile dans le procès, et qui avait souligné la dimension profondément « éthique » du procès en cours, Cataldo Intrieri a souligné la limite d’un procès « symbolique » au cours duquel « l’accusé lui-même devient un symbole » voire un « bouc-émissaire ».

Pour l’avocat, les accusations contre son client lui rappellent d’autres affaires retentissantes contre la mafia dans la Péninsule : « Des fonctionnaires du Vatican ont été chargés de ramener l’argent chez eux (en liquidant l’investissement douteux réalisé à Londres), ils le font, et ils finissent tous en procès en guise de remerciement. »

Pour mémoire, le 26 juillet dernier, le promoteur de justice Alessandro Diddi – l’équivalent du procureur général – avait demandé, à l’encontre de Fabrizio Tirabassi, une peine de 13 ans et trois mois d’emprisonnement, l’interdiction perpétuelle d’exercer un emploi dans la fonction publique et une amende de 18 750 euros, ainsi que la confiscation de près de 100 millions d’euros.