Brésil : les fidèles désertent l’Eglise catholique

Source: FSSPX Actualités

L'Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques (l'IBGE) a dressé une cartographie des religions au Brésil à partir du recensement effectué en 2010. L’étude révèle que le nombre de catholiques au Brésil continue inexorablement de baisser : ils représentaient 70,2% de la population en 2000, pour n’être plus que 64,6% en 2010. Cette chute confirme la tendance observée ces deux dernières décennies, où parallèlement la croissance des fidèles de confession protestante a progressé : de 15,4% de la population en 2000, ils sont 22,2% en 2010. L'étude révèle également que le nombre de « sans religion » représente aujourd´hui 8% de la population soit 15 millions de personnes contre 12 millions il y a 10 ans.

Bien que les catholiques demeurent largement majoritaires avec plus de 123 millions de fidèles sur une population totale de 195 millions d’habitants, les évangéliques constituent le pourcentage qui a le plus augmenté au Brésil, passant de 26,2 à 42,3 millions de personnes, particulièrement dans les grandes villes et parmi la population la plus pauvre. Au total en dix ans, l'Eglise Catholique brésilienne a perdu plus de 15 millions de fidèles.

Réuni le 25 septembre dernier au siège de la Conférence Nationale des Evêques du Brésil (CNBB) à Brasilia, le Conseil Épiscopal Pastoral (CONSEP) a souhaité réfléchir aux moyens d’endiguer l’hémorragie des fidèles. Mgr Joaquim Giovanni Mol, évêque auxiliaire de Belo Horizonte (Sud-Est du pays), pense nécessaire de « prendre en compte les résultats de ce recensement dans l´élaboration des plans de pastorale de nos diocèses ». Ont été ainsi évoquées « des structures d´accueil plus simples et plus nombreuses pour les communautés. » Le président de la Commission Épiscopale pour la Vie et la Famille, Mgr Joao Carlos Petrini, évêque de Camaçari (Est du pays), a pour sa part insisté sur « le nombre de non pratiquants qui, après avoir été catholiques, se sont tournés avec facilité vers l´offre proposée par d´autres églises qui, par exemple, font du porte à porte, en proposant la lecture de la Bible. »

« Il faut prendre au sérieux ces résultats », a assuré le cardinal Claudio Hummes, archevêque émérite de Sao Paulo et président de la Commission Épiscopale pour l’Amazonie. Car « depuis que des statistiques ont commencé à être publiées sur les catholiques au Brésil, la chute du nombre de fidèles n´a jamais cessé. Il faut donc partir de la foi du peuple et ne pas mettre en doute la foi que les personnes manifestent, même si elle ne répond pas à une base théologique élaborée. »

Mgr Guilherme Werlang, évêque de Ipameri, dans l’Etat de Goias (centre du pays), a insisté sur la formation des ministres ordonnés, considérant que « l´eucharistie est la source et l'horizon de l'Eglise. » Il a, lui aussi, souligné l'importance des laïcs et la notion « d’aller vers le peuple. » Dans cette optique, le professeur Sergio Coutinho, de la Commission pour les Laïcs, a rappelé l'importance du lien entre le nombre de paroisses, l'augmentation du nombre de paroissiens et l'élargissement du cadre des responsabilités des diacres. « Les communautés ecclésiales de base sont très importantes pour le dynamisme de l´Eglise. »

« Si nous ne prenons pas en compte la profondeur de la réalité sociale, nous courons le risque de faire de bonnes analyses sans pour autant que cela ait une incidence sur notre travail pastoral », a enfin mis en garde Mgr Sergio da Rocha, archevêque de Brasilia et président de la Commission Épiscopale Pastorale pour la Doctrine et la Foi. « Former de vrais chrétiens, c´est cela le grand objectif de l'évangélisation et cela se concrétisera, sans nul doute, dans les statistiques. » – Diacres permanents, communautés de base, laïcat engagé..., ces « solutions » ne sont pas nouvelles. Elles n’ont pas réussi à freiner cette chute inexorable, elles continueront à montrer leur inefficacité. Et les chiffres de la prochaine enquête statistique le prouveront encore. (Sources : apic/La Croix - DICI n°264 du 09/11/12)

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