France : Pour la vie de mon fils, Vincent Lambert

Source: FSSPX Actualités

« Je ne veux pas qu’on supprime mon fils, je ne veux pas qu’on l’abandonne » déclarait Viviane Lambert, mère de Vincent, lors de la parution de son livre le 7 mai dernier, intitulé : Pour la vie de mon fils (Plon). Après un accident de la route en 2008, Vincent Lambert est plongé dans un état de conscience minimal.

« Il y a des moments où il dort, bien sûr. Mais nous vivons encore tous les deux des instants de communication très forts », explique sa mère à metronews. « Je lui parle, lui fais écouter la musique qu’il aime. Je sais qu’il me comprend. D’ailleurs, quand je montre des photos de Vincent à des personnes qui ne le connaissent pas, elles sont étonnées, elles le pensent branché de partout. Je leur dis : ‘Non, mon fils n’est pas un mort-vivant.’ » Le 5 juin 2015, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) s'est prononcée en faveur de l'arrêt des soins apportés à Vincent Lambert.

Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune et membre du comité de soutien à Vincent Lambert, réagit : « Le combat pour Vincent Lambert ne s'arrête pas là. Cette décision de la CEDH ne condamne pas pour autant Vincent à mourir. Une autre décision peut être prise. Tout repose à présent sur le CHU. En raison du départ du Dr Eric Kariger de l’hôpital, la procédure d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert est de fait inopérante car elle ne lie pas le nouveau médecin qui lui a succédé. » La décision du CEDH a été suivie de la diffusion publique d'une première vidéo, le 10 juin, par le Comité de soutien de Vincent Lambert. On le voit écouter sa mère au téléphone et suivre des yeux son frère qui lui parle. « Vincent n’est branché à aucun appareil, il n’est pas maintenu artificiellement en vie. Il a besoin d’une seule chose : qu’on lui donne à manger », affirme le site ‘Je soutiens Vincent’.

Dans un communiqué publié le 18 juin, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) annonce qu'il a décidé d’adresser une mise en garde à BFMTV, LCI, M6 et TF1 après la diffusion par ces chaînes des images de Vincent Lambert à l'hôpital. Le CSA considère que cette diffusion « sans consentement préalable et sans floutage constituait une atteinte à l’intimité de sa vie privée et à son image ». Et bien que Canal+, France 2, France 3 et ITélé aient flouté le visage de Vincent Lambert, le Conseil leur a également adressé un courrier pour leur rappeler « que la diffusion de telles images sans consentement préalable était de nature à porter atteinte à l’intimité de la vie privée ». Le 25 juin 2015, le professeur en neurologie, Xavier Ducrocq et le docteur Bernard Jeanblanc, chef de service d'une unité de soin pour les patients en état pauci-relationnel, ont donné une conférence de presse au cours de laquelle a été diffusée une seconde vidéo devant les journalistes présents. On y voit la mère de Vincent Lambert lui donner des cuillerées de compote, montrant que son fils avale et déglutit.

Le lendemain, 26 juin, Me Jean Paillot et Me Jérôme Triomphe, avocats des parents de Vincent Lambert, ont annoncé avoir déposé auprès de la CEDH une demande en révision de la décision prise le 5 juin dernier. En effet, « la survenance d’éléments nouveaux et décisifs » remet en cause l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation prononcé par les juges : à la nouveauté montrée par la vidéo s’ajoute une erreur de la Cour faisant appel à un arrêt de 2004 et déclarant qu’il avait conclu à une non-violation des droits de l’homme. Or cet arrêt stipulait le contraire. Les avocats ont donc demandé une révision du « raisonnement découlant de cette erreur » et ont annoncé qu’ils allaient également saisir le Conseil d’Etat. Le 6 juillet, la CEDH a refusé de réviser sa décision du 5 juin en faveur de l’arrêt des soins de Vincent Lambert. « C'est triste à en pleurer », a réagi Me Paillot. Mais la Cour « ne veut pas se déjuger, elle ne veut pas perdre la face. » « On se tournera vers d'autres institutions, nous avons d'autres recours sur le point de partir », a assuré l’avocat des parents de Vincent. Il évoque la possibilité de saisir à nouveau la justice administrative française pour se plaindre du fait qu'une nouvelle demande de transfert de Vincent Lambert dans un établissement spécialisé pour les patients à la conscience altérée, n'avait pas été acceptée. « L'affaire n'est pas terminée, si la Cour croit pouvoir nous bâillonner, elle se trompe lourdement. »

Le 8 juillet, on apprenait que tous les membres de la famille de Vincent Lambert, très divisés entre eux sur son maintien en vie, étaient convoqués au CHU de Reims, le 15 juillet, « en vue d’une décision d’arrêt des traitements », mais aussi pour « recueillir l’avis de chacun sur cette nouvelle procédure ». Selon le site de L'Obs, les parents de Vincent espèrent que cette « nouvelle procédure » portera sur la mise en place d'une procédure collégiale cherchant à déterminer la volonté du patient, en donnant la parole à tous les membres de sa famille.