Syrie : Alep renouvelle sa consécration au Cœur Immaculé de Marie

Source: FSSPX Actualités

 Dans un message publié le 2 mai 2016 par l’agence d'information vaticane Fides, les évêques catholiques d’Alep s’adressent à leurs fidèles avec ces mots de réconfort et d’espérance :

« Nous sommes fils de la Résurrection, fils de l’Espérance et nous croyons fermement que ces souffrances ne seront pas perdues. A l’exemple des saints et des martyrs, nous les unissons à la Passion du Christ afin qu’elles deviennent souffrances sanctifiées et sanctifiantes pour la paix en Syrie et le salut de notre ville ». Sans nous laisser « vaincre par la tristesse et le désespoir » telle est « la signification la plus importante de notre présence maintenue à Alep ». Dans cette perspective, les pasteurs catholiques renouvellent la consécration d’Alep au Cœur Immaculé de Marie, qui « dans ses apparitions à Fatima avait demandé la consécration du monde à son Cœur Immaculé afin d’obtenir la paix ». 

Et les évêques demandent aux fidèles, en ce mois de mai consacré à la T. S. Vierge Marie, d’offrir « des prières et en particulier celle du rosaire dans nos églises pour cette intention : se convertir à Dieu en suppliant l’intercession de la Reine de la paix et mettre le pays, la Syrie et la ville d’Alep, sous sa protection ».

Le 23 mars 2016, au lendemain des attentats terroristes survenus à Bruxelles, Mgr Jacques Behnan Hindo, archevêque syro-catholique de Hassaké Nisibi (Syrie), a confié à Fides son analyse de la situation : « Malheureusement, la population innocente récolte également ce que les cercles et les pouvoirs européens ont semé, en Syrie et en Irak, ces dernières années ». Différents responsables européens avaient jusqu’il y a peu de temps, dénonce l’archevêque, comme principal objectif géopolitique la chute du gouvernement de Bachar al-Assad et visaient à accréditer les milices djihadistes d’al-Nosra comme des ‘islamiques modérés’, tout en affirmant que les frappes militaires russes devaient se limiter à attaquer uniquement le prétendu État islamique (EI).

En outre, précise Mgr Hindo, « les responsables européens et tout l’Occident » font prévaloir les raisons économiques pétrolières « avec l’Arabie Saoudite, et les autres Émirats de la péninsule arabique. Au cours de ces dernières décennies, ils ont garanti à ces pays la possibilité de financer dans l’ensemble de l’Europe, et également en Belgique, la naissance d’un réseau de mosquées dans lesquelles est prêché le wahhabisme, l’idéologie qui envenime l’islam et sert de base idéologique à tous les groupes djihadistes ».

L’archevêque syro-catholique souligne que « l’Europe, sur la question des réfugiés, a choisi de se transformer en otage de la Turquie » et précise que « les évacués accueillis en Europe en 2015 ne dépassent pas 0,2% de la population, alors que dans un petit pays comme le Liban ils représentent désormais la moitié de la population locale », en rappelant que « depuis 5 ans, des milliers de Syriens musulmans et chrétiens, femmes, hommes et enfants, sont tués et qu’il n’y a pas de larmes pour eux ».

Le 24 avril 2016, des milices islamistes liées au Front al-Nosra, rattaché à Al-Qaïda, ont bombardé au mortier la ville à majorité chrétienne de Sqelbiya, au nord-ouest de la Syrie, a rapporté Fides, d'après des sources kurdes. Le lendemain, le quotidien libanais L'Orient-Le Jour, ajoutait que, depuis décembre 2015, les États-Unis auraient livré 3.000 tonnes d'armes et de munitions à des groupes rebelles qui, sur le terrain, sont infiltrés par al-Qaïda ou ont prêté allégeance à l'organisation terroriste. L'expérience démontre, précise L'Orient-Le Jour, qu'au cours de ces trois dernières années, l'envoi de matériel américain aux groupes dits ‘modérés’ a servi dans une large mesure au Front al-Nosra ; et, selon le témoignage de l'ancien chef du groupe rebelle Jabhet el-Thouwar, un contrat informel conclu entre les combattants locaux et al-Nosra, obligeait à transférer plus de la moitié des armes reçues à ces derniers.

Le 29 avril, l’archevêque arménien catholique d’Alep, Mgr Boutros Marayati, exposait à l’agence Fides le sort tragique de son peuple et de sa ville, où le conflit syrien a repris violemment : les quartiers centraux d’Alep, sous le contrôle de l’armée syrienne, ont été frappés par une pluie de roquettes et de tirs d’artillerie sans précédent, provenant des quartiers contrôlés par les rebelles.

Selon Mgr Marayati, le destin d’Alep et du peuple syrien demeure entre les mains des grandes puissances : « La fin du conflit dépend desÉtats-Unis, de la Russie et des autres forces de la région. Eux seuls peuvent contraindre toutes les parties impliquées dans cette sale guerre à la faire cesser, mettant de côté les intérêts et les desseins cachés qui continuent à alimenter le massacre ». « Les combats se sont à nouveau massivement renforcés. Surtout depuis le samedi 23 avril, c’est très grave. La situation de la population est catastrophique. Il y a tant de morts et de blessés! J’espère que l’escalade de la violence va cesser, mais déjà maintenant, c’est très grave. Si les combats continuent comme cela, encore plus de chrétiens quitteront Alep », déclare Mgr Antoine Audo, archevêque chaldéen d’Alep, à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED).

Et si « avant la guerre, Alep comptait plus de 150.000 chrétiens de différentes confessions. Aujourd’hui, environ deux tiers d’entre eux sont des déplacés dans leur propre pays ou se sont réfugiés à l’étranger, au Liban mais aussi dans les pays occidentaux. Ceux qui restent sont surtout les plus âgés et les plus pauvres ».

Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque d’Alep, précisait à Aleteia, le 28 avril : « Les Alépins sentent qu’une grande offensive approche et sont profondément préoccupés. Approximativement un million de personnes sont encore dans la ville. »

(Sources : fides/apic/imedia/olj/aleteia – DICI n°335 du 06/05/16) 

Mgr Jean-Clément Jeanbart 2016-04-20 - SOS Chrétiens d'Orient