Le Collège des Bernardins : nouveau lieu de rencontre entre l’Eglise et l’Etat

Source: FSSPX Actualités

Le 9 avril 2018, la Conférence des évêques de France (CEF) recevra à Paris le président de la République française ainsi que plusieurs centaines d’invités sous les voûtes cisterciennes du Collège des Bernardins. Au programme : discours et petits fours.

En inaugurant un rendez-vous destiné à être annuel, explique Mgr Olivier Ribadeau Dumas, secrétaire général et porte-parole de la CEF, l’Eglise crée « un espace » afin de « s’adresser de manière plus large » à l’Etat et à la société. Certes. « On nous dit souvent qu’on n’entend pas assez l’Eglise » explique de son côté Mgr Georges Pontier, président de la CEF, qui ajoute : « cette soirée peut être l’occasion d’un dialogue. » - Plus de cinquante ans après l'encyclique Ecclesiam suam de Paul VI engageant l'Eglise sur la voie du dialogue tous azimuts, il était temps !

Parmi les autres invités figureront, pêle-mêle, responsables politiques, universitaires, chefs d’entreprise, personnalités de la culture et des médias, mais aussi des personnes handicapées, des migrants, et des gens en situation de précarité. « Ce sont des personnes avec qui nous sommes en lien, pas des figurants », souligne Mgr Pontier, visiblement soucieux de ne pas donner l'impression que l'Eglise organise une vaste opération de communication. A moins qu'elle ne veuille imiter le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), dont le repas annuel est célèbre pour attirer l'élite politique et culturelle du pays ?

Tout juste, puisque le site du Vatican n'hésite pas à afficher clairement l'ambition réelle de ce rendez-vous : « Il y avait le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France, la rupture du jeûne de l’Aïd des musulmans ou encore la cérémonie des vœux de la Fédération protestante de France. Il y aura désormais la soirée au collège des Bernardins ».

Dans La Croix du 2 février, Philippe Portier, sociologue et directeur du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL) au CNRS, commente : « l’événement s’inscrit dans un contexte de pluralité religieuse ». Selon lui, aujourd'hui « l’Etat ressent son impuissance symbolique sur certains dossiers sensibles – la bioéthique par exemple – et va puiser chez les religions des ressources de sens » (sic).

Mgr Ribadeau Dumas a cru bon d'ajouter : « Il ne s’agit pas de faire du communautarisme. Mais nous pensons que la parole de l’Eglise peut avoir un impact dans une société où demeurent des injustices fortes ». « Il s’agira de montrer que les plus fragiles sont notre trésor », explique encore Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la CEF. Et ce notamment au moment où le débat sur la révision de la loi de bioéthique fait craindre une prochaine légalisation de l’euthanasie et une marchandisation de l’embryon.

Philippe Portier indique de façon plus directe le but de l'Eglise de France : « organiser une soirée, pour affirmer sa présence dans un champ religieux éclaté, où la concurrence symbolique est très forte », et où « les évêques prennent en compte la logique concurrentielle, tout en souhaitant maintenir leur singularité ». En l'occurrence, une singularité plus sociale que religieuse. Pluralisme oblige !