L’inquiétante hémorragie des catholiques en Allemagne
Le nombre de départs de l’Eglise allemande a considérablement augmenté en 2018. La Conférence épiscopale allemande a en effet annoncé le 19 juillet 2019 la désertion de 216.078 fidèles en 2018. Les protestants allemands font d’ailleurs face au même problème.
La précision de ces chiffres pourrait étonner. Mais il faut se souvenir que l'impôt religieux est toujours exigé de toute personne se déclarant catholique. Le montant représente 8 à 9% de l'impôt sur le revenu, soit environ 0,2 à 1,5% du revenu total. Le système est également appliqué pour les protestants. Cet impôt, qui remonte au début du XIXe siècle, est une source majeure de revenu pour les cultes catholiques, protestants et juifs. Pour l’Eglise catholique, cela représente plus de 5 milliards d’euros par an.
Toute personne qui veut cesser de payer cet impôt doit déclarer par écrit, au tribunal administratif local ou au bureau d'enregistrement, qu’elle quitte l'Eglise. Elle est alors rayée des registres de l'Eglise et ne peut plus recevoir les sacrements, comme l’a précisé la Conférence épiscopale allemande dans un communiqué du 20 septembre 2012.
Ce nombre impressionnant de sorties d’Eglise, selon le terme consacré, est en augmentation de 29% par rapport à 2017 (167.504). Elles représentent presque 1% des catholiques, soit 23 millions environ. Le secrétaire de la Conférence épiscopale, le Père Hans Langendörfer, qualifie la statistique de “préoccupante”.
Presque autant de protestants – 220.000 – ont tourné le dos à leur église en 2018, soit 11,6% de plus que l’année précédente, révèle l’Eglise évangélique en Allemagne (EKD). Les protestants allemands sont actuellement 21 millions (25,4%), en diminution de 1,8% sur l’année.
Quelles causes à cette hémorragie ?
Pour le Père Hans Langendörfer, la publication en septembre 2018 de l’étude sur les abus sexuels dans l’Eglise explique une partie de l’augmentation des sorties d’Eglise. Plusieurs chercheurs ainsi que des évêques mentionnent aussi une certaine perte de crédibilité des Eglises établies et la diversification de l’offre religieuse - un euphémisme sociologique pour masquer l’avancée de l’islam ?
Une étude publiée en mai 2019 par l’Université de Fribourg-en-Brisgau a conclu que le nombre de personnes appartenant aux deux principales Eglises allemandes diminuera de moitié d’ici 2060.
Il faut toutefois relever que la proportion de départs étant similaires chez les protestants et chez les catholiques, l’explication avancée ne peut être que très partielle, les premiers n’ayant pas été soumis à la même déconsidération sur la question des abus. Ne faudrait-il pas plutôt chercher dans la désacralisation du ministère sacerdotal et le progressisme avancé du catholicisme allemand une raison de fond à cette hémorragie inquiétante ? A force de s’engager sur l’aspect social, l’Eglise ne nourrit plus les âmes.
L’homme n’est pas fait pour rester sur cette terre. Il a été créé pour connaître et aimer Dieu dans l’éternité. Si le prêtre ne pointe plus le doigt vers le Ciel, mais cantonne son activité à l’horizon terrestre, il n’obtiendra pas plus de résultat qu’un bateleur de foire.
(Source : cath.ch - FSSPX.Actualités - 24/07/2019)