A Saint-Denis, la colère monte en flèche

Voûte de la basilique Saint-Denis
De nombreux experts internationaux viennent de dénoncer le projet de reconstruction de la flèche de la basilique Saint-Denis, dans lequel ils voient une « atteinte au patrimoine français ». Une polémique qui intervient au moment où, plus au sud, les travaux de restauration de Notre-Dame ont enfin commencé.
Les travaux de restauration de la cathédrale de Paris ont tendance à faire passer au second plan le drame qui se joue plus au nord de la capitale : la reconstruction de la flèche de la nécropole des rois de France qui, selon La Tribune de l’art, consisterait à « construire un faux sur l’un des plus insignes monuments religieux français, contrairement à tous les engagements du ministère de la Culture ».
Un jugement que semble corroborer la lettre ouverte publiée par Le Point, le 29 septembre 2021, écrite par Mathieu Lejeune, docteur en histoire de l’art médiéval, et Maxime Lhéritier, maître de conférences en histoire médiévale, et signée par 128 experts – historiens, historiens de l’art, historiens de l’architecture, etc. – français et étrangers.
Les spécialistes dénoncent une opération qui, selon eux, constituerait une atteinte au patrimoine religieux français.
En effet, le projet imposera « l’injection d’un coulis de chaux ou de béton dans les maçonneries médiévales et la pose de tirants en métal à l’intérieur du massif, lesquels dénatureront l’une des premières façades de l’époque gothique », qui vient déjà de faire l’objet d’une coûteuse restauration.
Mais il y a pire, puisque le chantier entraînera « la mise au jour par des fouilles archéologiques préventives, d’un cimetière du Haut Moyen Âge comprenant la chambre funéraire de Pépin le Bref, qui sera ensuite détruit pour installer les semelles de fondation en béton armé », nécessaires à la consolidation de la façade.
Les signataires rappellent le mépris avec lequel les tenants du projet ont considéré les avis des experts, puisque la Commission nationale des monuments historiques avait donné un avis défavorable à ce sujet.
Enfin, la tribune publiée par Le Point relève un autre « mensonge » distillé par l’architecte responsable de la restauration de la flèche : celui de la réutilisation des pierres d’origine.
Depuis 2016, affirment les experts en sens contraire, on savait que cette réutilisation était impossible puisque l’étude archéologique alors menée sur les pierres conservées avait révélé que sur 300 pierres conservées, seules cinq à dix remonteraient au Moyen Âge, les autres pierres datant du XIXe siècle.
« Basée sur des mensonges, (la restauration) va aboutir à un vandalisme patrimonial soutenu et financé par le ministère de la Culture, contre l’avis de tous les spécialistes ou presque », s’indigne La Tribune de l’art.
Pourtant, Jacques Moulin, l’un des responsables du projet, affirmait à la presse, en 2016, que « la flèche – endommagée par une tempête puis démontée en 1845 – serait reconstruite à l’identique ». Mais à quel prix ? Du côté de l’île de la Cité, il y a de quoi être inquiet.
(Sources : La Tribune de l’Art/Valeurs actuelles/Le Point – FSSPX.Actualités)
Illustration : Flickr / Patrick (CC BY-SA 2.0)