Vatican : le procès du siècle peut entrer dans le vif du sujet

Source: FSSPX Actualités

Le tribunal du pape François a tranché : après le rejet des recours en annulation présentés par la défense, le procès pour la vente du célèbre immeuble de Londres, dont les pertes pour le Saint-Siège s’élèvent à 217 millions d’euros, va devoir se prononcer sur le fond de l’affaire.

La bouteille de Sant’Anna placée à côté de Giuseppe Pignatone n’aura pas été de trop pour se désaltérer, en ce 1er mars 2022 : la neuvième audience du procès du siècle au Vatican a surtout vu le président du tribunal lire une ordonnance-fleuve au terme de laquelle les nombreux recours en nullité déposés par la défense depuis sept mois, ont tous été rejetés.

Exit les questions de procédures : les faits reprochés aux différents accusés – Angelo Becciu, Enrico Crasso, Tommaso di Ruzza, Cecilia Marogna, Gianluigi Torzi, René Brulhard, Mgr Mauro Carlino, Nicola Squillace, Raffaele Mincione et Fabrizio Tirabassi – faits pour lesquels la secrétairerie d’Etat, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR) l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA) et l’Autorité de surveillance et d’information financière (Asif) se sont également constituées parties civiles, seront examinés sur le fond.

Pour le Tribunal du Vatican, et contrairement à l’avis de la défense, le travail des promoteurs de justice du Saint-Siège a bien été conforme aux règles en vigueur dans le plus petit Etat du monde.

Le début du procès sur le fond débutera le 17 mars prochain en grande pompe, avec l’interrogatoire du cardinal Angelo Becciu, qui devra répondre de plusieurs chefs d’accusation dont ceux de détournement de fonds, subornation de témoin et abus de fonction en compétition.

Giuseppe Pignatone a divisé les faits qui concernent le porporato en trois chapitres qui seront traités séparément : le premier concerne le financement présumé à hauteur de 100 000 euros, de la coopérative Spes à Ozieri, une structure émanant de Caritas, gérée en Sardaigne par l’un des frères du cardinal.

Le second chapitre concerne le rôle joué dans l’achat de l’immeuble de Londres, lorsqu’il avait la responsabilité de gérer les fonds réservés et l’Obole de Saint-Pierre.

Enfin, le dernier chapitre, le plus rocambolesque, concerne la mission confiée à une autre accusée, Cecilia Marogna, experte en de nombreux domaines, notamment celui de la politique internationale, liée aux services secrets italiens et recrutée par le Vatican pour gérer le paiement des rançons des missionnaires kidnappés par l’organisation Etat islamique (EI) en Afrique.

Une histoire si mystérieuse que, pour justifier le silence qu’entend garder sa cliente, l’avocate a invoqué, durant la neuvième audience, le « secret d’Etat » vis-à-vis de l’Italie, et même de l’OTAN.

« L’OTAN n’est certainement pas mon interlocuteur et en ce moment, il me semble être occupé par d’autres questions », a répondu le président, balayant d’un revers de main les arguments de la défense de Cécilia Marogna.

« Enfin – a commenté le cardinal Becciu, qui s’est précipité auprès des journalistes présents dans la salle d’audience – le débat commence. Ça fait sept mois que j’attends et maintenant je peux parler. Je suis heureux. Je suis prêt à répondre sur tout », a-t-il déclaré.

La dixième audience aura donc bien lieu – sauf nouveau coup de théâtre – le 17 mars 2022 : reste à savoir si la fête de saint Patrick sera de bon augure pour entrer dans le fond du volet anglais de l’affaire…