La situation religieuse au Vietnam

Fuente: FSSPX Actualités

Fiche de présentation du Vietnam (*)- Superficie : 333 000 km2

- Population : 77 562 000 habitants

- République du Vietnam : pays réunifié en 1975

- Régime communiste à parti unique

- Bouddhistes : 80 %

- Catholiques : 5 millions environ, soit 7 %

- Protestants : 700 000 (soit 7 fois plus qu’en 1975).

Au terme d’une seconde guerre, longue et cruelle (1963-1975), le Sud, soutenu militairement par l’armée américaine, fut conquis par le Nord aidé par les Soviétiques et la Chine. La réunification du pays a eu lieu en 1975, et c’est un État dominé par le parti communiste qui s’est installé.

Durant les premières années, le nouveau régime a entrepris de supprimer les religions. Entre 1975 et 1987, de grands procès ont eu lieu, notamment, de prêtres et de religieux catholiques. Depuis 1990 environ, les autorités ont officiellement abandonné cet objectif, mais contrôlent étroitement toutes les activités religieuses. La Constitution de 1992 garantit la liberté de croyance et d’incroyance. La liberté de culte est reconnue, mais elle est subordonnée à la politique de l’État. Est interdite « toute activité utilisant la religion pour saboter l’indépendance nationale, s’opposer à l’État, saboter la politique d’union de tout le peuple, porter atteinte à la saine culture de [notre] nation ». Ces définitions sont suffisamment imprécises pour ouvrir aux autorités du Vietnam un vaste champ d’intervention dans les activités religieuses. Des textes récents, comme la directive de juillet 1998, apportent des indications complémentaires : ce texte fait explicitement des religions un instrument de propagande et de mobilisation. (…)

Six religions reconnues

Les religions reconnues officiellement sont le bouddhisme, le catholicisme, le protestantisme, le bouddhisme Hoa Hao, le caodaïsme, et l’islam. Les chrétiens, comme les adeptes des autres religions, sont donc encadrés dans un appareil administratif subordonné au Bureau des Affaires religieuses (et un triple système de contrôle s’applique : le curriculum vitae, le permis de résidence et le policier de secteur).

Les Églises doivent obtenir l’approbation des autorités pour former, ordonner, promouvoir ou déplacer évêques, prêtres et pasteurs ; les séminaristes (qui ne peuvent postuler que tous les deux ans) doivent être acceptés par le gouvernement, à l’entrée au séminaire et avant leur ordination. Depuis 1999, les personnes qui auparavant ont été emprisonnées doivent obtenir une permission spéciale des autorités avant de pouvoir reprendre des activités religieuses.

La construction et la modification des lieux de culte sont subordonnées à des décisions gouvernementales, et les formalités à accomplir sont devenues encore plus compliquées depuis le début de 1999. Un contrôle s’opère aussi sur les publications religieuses : elles doivent, d’ailleurs, être imprimées par une maison d’édition créée par le gouvernement. L’instruction religieuse n’existe pas dans les écoles, et les activités éducatives et charitables des Églises sont généralement très limitées.

Enfin, la circulation des responsables religieux dans des régions qui ne relèvent pas de leurs attributions, et en particulier dans les zones habitées par des minorités ethniques, est étroitement contrôlée, de même que les réunions ou célébrations qui se tiennent en dehors du calendrier habituel.

Il faut noter que, dans la mesure où ce sont souvent les autorités locales qui interviennent directement dans le domaine religieux, la situation des chrétiens varie fortement selon les régions : le contrôle étatique est, par exemple, beaucoup plus sévère dans le Nord-Ouest du pays qu’à Hô Chi Minh-Ville, car dans la mesure où il s’agit d’un lieu fréquenté par des étrangers en visite, le gouvernement veille à ce que les contraintes y soient moins apparentes.

En septembre 1999, après la publication d’un décret très restrictif, plusieurs responsables religieux (le Père Chân Tin, rédemptoriste, des dirigeants hoa-hao et caodaïstes) ont adressé au gouvernement un appel pour la liberté religieuse qui demandait l’abandon des dernières directives et le rétablissement du statut légal des religions tel qu’il existait avant 1975. Cette initiative a été très mal prise par les autorités qui ont répliqué par des tracasseries policières. Le Père Chân Tin a été, en mars 2000, mis en accusation devant un tribunal populaire. (…)

(*) Fiche publiée en février 2001 dans le document « Les minorités chrétiennes menacées... Entendre leur appel » de l’ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture). Paru dans La documentation catholique n° 2265 du 3/03/2002