Corée du Sud : contre l’avortement, pour la vie

Cardinal Stephen Kim Sou-hwan
Selon l’agence catholique Eglises d’Asie, dans son bulletin du 1er décembre, le nombre des avortements, en Corée du Sud, est de 1,5 million par an, soit 4.000 par jour. L’avortement a été légalisé en 1973 par une "Loi sur la santé de la mère et de l’enfant".
Le droit coréen connaît un régime général de pénalisation de l’avortement (code pénal de 1953, articles 269 et 270) auquel la loi d’exception sur la santé de la mère et de l’enfant de 1973 oppose un régime de dépénalisation partielle (article 14). Les cas de dépénalisation par la loi sud-coréenne sont les suivants : maladie génétique ou maladie fixée par décret présidentiel (cause eugéniste) ; maladie contagieuse (cause eugéniste) ; en cas de viol (cause éthique, morale) ; en cas de relation incestueuse (cause éthique, en partie eugéniste ?) ; en cas de problème de santé de la mère (cause médicale).
Mais de fait, la dépénalisation partielle de l’avortement en Corée du Sud s’explique essentiellement par le besoin de réduire la fécondité qui s’élevait à 6,1 en 1960. Le planning familial est ainsi introduit en 1961, la Planned Parenthood Federation of Korea créée en 1962.
L’Eglise catholique mène depuis de nombreuses années des actions pour sensibiliser les Coréens à cette grave question.
Mais «si l’Eglise a toujours affirmé son opposition à la loi de 1973, demandant sa révision, ses appels n’ont pas été entendus faute d’avoir su informer l’opinion publique des enjeux de ce débat et faute d’avoir su susciter un courant d’opinion "pro-vie"». C’est pourquoi "nous sommes passés des campagnes négatives dénonçant les méfaits de l’avortement, à une campagne positive en faveur de la culture de la vie", explique le Père Jean-Bosco Hong à propos de "Vie 31", un mouvement fondé par l’Eglise catholique le 7 février 2003, et qui a reçu le soutien de responsables d’autres religions. Tirant son nom du fait que cette année marque le 31e anniversaire de la loi légalisant l’avortement, ce mouvement vise à obtenir l’abolition de la loi de 1972, mais aussi la suppression de la peine de mort et l’interdiction du clonage d’embryons humains.
Pour promouvoir son action, "Vie 31" a lancé une campagne nationale intitulée: "Pour une vie de plus". Le 8 novembre dernier, dans un parc public de Séoul, un ensemble de manifestations a marqué le lancement de cette campagne qui doit essaimer dans les paroisses, les associations, les écoles et les lieux publics. Le cardinal Kim Sou-hwan, ancien archevêque de Séoul, et Mgr Lee Ki-heon, évêque aux armées et responsable de la campagne, ont pris part à ces manifestations.
