1412-2012, sainte Jeanne d’Arc, héraut de la royauté sociale de Jésus-Christ

En cette année 2012, qui marque le 600e anniversaire de la naissance de la bergère de Domrémy, le pèlerinage de Pentecôte du district de France de la Fraternité Saint-Pie X partira de Chartres et se rendra à Orléans.
Récemment est paru, sous le titre « Et Dieu donnera la victoire ! », le dossier doctrinal et spirituel qui permet aux futurs pèlerins de se préparer à ces trois jours de marche et de prière. Il montre combien la véritable mission de Jeanne d’Arc fut de manifester la royauté sociale de Jésus-Christ. Voici trois documents, extraits de ce dossier, qui expliquent le sens de cette mission qui demeure plus que jamais actuelle.
Le prince est le lieutenant du Roi des cieux
Avant de quitter Vaucouleurs, la jeune fille a déclaré que le royaume appartient à Notre Seigneur et que Charles VII doit le tenir en commende des mains divines. A Chinon, elle aborde le prince en lui disant : « Vous serez lieutenant du Roi des cieux qui est Roi de France. » Plus tard, devant le duc d’Alençon et La Trémoille, Jeanne le supplie ardemment de donner son Royaume au Roi du ciel. C’est de la part du Seigneur Jésus qu’elle-même somme les Anglais de quitter le pays injustement conquis. (…)
C’est pour ce divin Maître, avant tout, qu’elle prétend reconquérir la France, c’est sur le front du Christ qu’elle veut tout d’abord poser la couronne de saint Louis. Le descendant de Philippe de Valois, quel que soit le respect qu’elle témoigne à son endroit, ne vient que le second, et à titre de représentant du Fils de Dieu. « Un jour, la Pucelle demanda au roi de lui faire un présent. La requête fut agréée. Elle le pria alors de lui offrir en propre le royaume de France. Le prince, étonné, après quelques hésitations, le lui accorda cependant et la jeune fille l’accepta. Elle voulut même que l’acte en fût solennellement dressé et lu par les quatre secrétaires du roi. La charte rédigée et récitée à haute voix, le monarque resta un peu ébahi lorsque la jeune fille, le montrant, dit à l’assistance : « Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ».
Après un peu de temps, en présence des mêmes notaires, disposant en maîtresse du royaume de France, elle le remit entre les mains du Tout-Puissant. Puis, au bout de quelques autres moments, agissant au nom de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France ; et de tout cela elle voulut qu’un acte solennel fût dressé par écrit. »
{Extrait du Breviarium Historiale. (Mgr H. Debout, Jeanne d’Arc, tome I, p 571 ; in Dossier doctrinal p. 80]
La vraie mission de Jeanne, hier et aujourd’hui
La prédominance du sacre royal dans les pensées de Jeanne d’Arc est un fait trop remarquable pour qu’il ne faille pas y chercher un sens.
Le Sacre toujours présent à la pensée de Jeanne nous révèle l’objet véritable, ou, plus exactement, l’objet adéquat de sa mission, qui fut de rappeler au monde, entre les feux croisés de l’Angleterre et de la France, qu’il y a une Politique Surnaturelle de Dieu réellement agissante, dominant la politique des pouvoirs terrestres – et un Droit Chrétien qui applique et maintient la loi essentielle de cette Politique, à savoir le salut des peuples par l’Eglise du Christ. (...)
A ce point de vue, la gloire de Jeanne est incomparable. Si déjà par le caractère elle éclipse Judith et Esther, je dis que par cette vision du Sacre qui est au bout de son regard, elle approche de la grandeur de Moïse, premier promulgateur des Droits de Dieu et de l’Alliance Divine. Sa gloire de libératrice pâlirait auprès de sa gloire d’Ange de la Politique Divine, si on pouvait séparer l’une de l’autre. (…) Jésus est Roi de tous les rois. Il en a revendiqué la qualité réelle, plus encore que le titre, au milieu même de sa Passion, et devant le représentant du plus grand Empire : Tu dicis quia Rex sum Ego (Tu le dis, je suis Roi). Jn 18,37
Or, c’est bien à cette Suzeraineté du Christ que rend hommage le Sacre Royal. Il est plus et autre chose qu’une simple attestation de l’origine fondamentalement divine de l’autorité sociale. Il est même plus encore qu’un appel de la bénédiction et de l’assistance divines sur la personne royale. Non, ce que fait avant tout la Consécration Royale, c’est de rattacher le Pouvoir terrestre à la suzeraineté de Jésus-Christ, laquelle est unique et universelle, – c’est de ranger sous une loi plus sainte et plus parfaite que la religion naturelle, sous la loi nouvelle de Jésus, cet organe et cette fonction de puissance humaine, dont le monde est le plus violemment jaloux, le pouvoir politique, point de départ et centre de convergence de toute l’activité sociale, objet des ambitions les plus fières comme les plus basses, – c’est de le coordonner au gouvernement de Jésus-Christ et de l’imprégner de son esprit.
[R.P. H. Clérissac, O.P., La Mission de sainte Jeanne d’Arc, pp. 35-39 ; in Dossier doctrinal p. 81]
Une sainte pour notre temps
Aujourd’hui que l’apostasie est arrivée à son terme et va donner son cours à ses plus terribles conséquences, la Pucelle apparaît dans la gloire pour rendre à tous les peuples un service plus grand que celui qu’elle rendit à la France du XVe siècle.
Le miracle de sa vie terrestre devait devenir pour nous le ‘signe’ appelant sur elle les regards pour nous rendre attentifs au ministère qu’elle doit exercer près du monde moderne : celui de rappeler, de rétablir pour tous les siècles à venir cette vérité, cette loi que les princes ne sont que les ministres de Dieu pour le bien, des serviteurs responsables, à qui il sera demandé compte de leur gestion par le droiturier[1] et souverain juge.
La souveraineté de Jésus, c’est la fin du laïcisme, du naturalisme, de l’humanisme. La royauté de Jésus, c’est ce qu’on a cru pouvoir appeler l’Evangile de la Pucelle. Non pas que cette royauté ne fût contenue dans le dépôt de la Révélation. L’Ancien et le Nouveau Testament en sont pleins. Mais parce que, au moment où la chrétienté commençait à vouloir s’y soustraire, Jeanne est venue, de par Dieu, en faire une nouvelle proclamation confirmée par les signes les plus merveilleux.
L’Evangile de la divinité de Jésus-Christ fut entravé, fut combattu par toutes les puissances de ce monde, il ne put s’imposer qu’avec le temps. Il en est de même de la reconnaissance de sa royauté. Voici cinq siècles que la Pucelle l’a demandée ; voici deux siècles que le divin roi en a annoncé la réalisation : ‘Je régnerai malgré mes ennemis.’ Le triomphe de l’humanisme, ou pour prendre le mot du jour, le laïcisme, sous toutes ses formes, son couronnement par la séparation de l’Eglise et de l’Etat, précisément en France, présentent cette réalisation comme plus éloignée, plus impossible que jamais, et c’est cette heure que Dieu choisit pour béatifier le héraut de cette royauté.
Non, ce n’est pas seulement pour recevoir nos hommages que la sainte Pucelle a été placée sur nos autels. Ces autels seront une chaire d’où tombera l’enseignement opportun, celui dont la chrétienté a le plus besoin dans l’état de désordre où elle est tombée ; celui que Dieu a mis sur les lèvres de Jeanne il y a cinq siècles et dont il a réservé le retentissement universel pour les jours où la Renaissance, la Réforme et la Révolution ont poussé la société aux bords d’un abîme si obscur et si profond qu’à son aspect, l’âme humaine, saisie d’effroi, s’écriera : ‘Seigneur, sauvez-nous, nous périssons !’ Vous êtes notre Dieu et notre Rédempteur, soyez notre Roi.
[Mgr H. Delassus, La Mission posthume de sainte Jeanne d’Arc, pp. 421-423 ; in Dossier doctrinal p. 1 et 2]
« …Et Dieu donnera la victoire ! », dossier doctrinal et spirituel du pèlerinage de Pentecôte 2012, 130 p., 10 €.
Disponible auprès de l’Association Pèlerinages de Tradition - 23, rue Poliveau - F-75005 Paris
– Téléphone : 01 55 43 15 6
- Télécopie : 09 81 70 40 51
- Courriel : [email protected]
- Site Internet : http://pelerinagesdetradition.com/default.aspx
(DICI n°248 du 13/01/12)
[1] Ce terme féodal désigne un seigneur qui avait des vassaux relevant de lui et payant pour leurs fiefs des droits dits droitures. (NDLR)

Dossier spirituel et doctrinal 2012
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