Italie : la Conférence des évêques dénonce le « décret Salvini »

Fuente: FSSPX Actualités

Le 24 septembre 2018, le Conseil des ministres italien a adopté un arsenal de mesures – appelées « décret Salvini » – concernant les migrants et la sécurité. 

Le texte modifie la législation en matière d’accueil des réfugiés, et restreint le droit aux permis de séjour humanitaires, introduisant de nouvelles normes pour l’obtention de la citoyenneté et le séjour dans les centres d’accueil. Il élargit notamment la liste des délits qui engendrent la suspension de la demande d’asile et l’expulsion du demandeur d’asile en Italie : « vol, viol, cambriolage, violence, mutilation d’organes génitaux » ou encore « outrage à agent de la force publique ». L’expulsion interviendra dès la première condamnation, sans attendre l’appel éventuel. Une autre mesure a suscité l’indignation de certaines bonnes consciences : la suppression des « centres de protection des demandeurs d’asile et des réfugiés », des structures publiques mises à la disposition de plus de 400 mairies. 

En outre, le texte prévoit la révocation de la naturalisation de tout étranger « présentant un danger pour la sécurité nationale ». Les médias italiens concluent que cette dernière mesure sera appliquée aux « personnes accusées de terrorisme ».

« C’est un pas en avant pour rendre l’Italie plus sûre. Pour combattre avec plus de force les mafieux et les passeurs, pour réduire les coûts d’une immigration exagérée, pour expulser plus rapidement les délinquants et les faux demandeurs d’asile, pour retirer la citoyenneté aux terroristes, pour donner plus de pouvoirs aux forces de l’ordre », a commenté le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini sur son compte Facebook, le jour du vote du Conseil des ministres.

Comme prévu, des dizaines d’ONG italiennes ont vivement critiqué ce décret largement discuté dans la presse transalpine. Le secrétaire général de la Conférence des évêques d’Italie, Mgr Nunzio Galantino, a également déploré le fait qu’immigration et sécurité soient « traitées dans le même texte » : « cela signifie que l’immigré est déjà jugé en raison de sa condition et qu’il est déjà considéré comme un danger public, quel que soit son comportement. C’est un mauvais signe ». La section italienne de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) a qualifié le texte de « dangereux retour en arrière » et lancé « un appel » à « tous ceux qui se soucient de ces mêmes valeurs pour qu’ils ne restent pas silencieux face à ce qui se profile comme un abus ». 

Afin d’appliquer ces mesures, le gouvernement italien devra toutefois composer avec le droit international qui prévoit une gamme plus étendue des droits d’accueil, parmi lesquels « la fuite devant un conflit armé ». Cet argument peut être brandi par les associations pour des personnes originaires de bon nombre de pays dans le monde, afin d’empêcher leur expulsion du pays d’accueil. Il est donc possible que la justice italienne, voire européenne, contraigne le gouvernement italien à revoir ses mesures de salut public.