Le vaticaniste Marco Tosatti révèle sur son site, le 10 novembre 2017, la double excommunication qui menace un prêtre sicilien, Don Alessandro Minutella, pour avoir critiqué l’enseignement hétérodoxe d’Amoris lætitia.
Il y a neuf mois, il avait été sanctionné par son évêque, Mgr Corrado Lorefice, qui l’avait démis de ses fonctions et lui avait imposé le silence, l’obligeant à faire sur les réseaux sociaux une « déclaration publique de loyauté envers le pape François ». Il s’était exécuté en promettant, selon la formule canonique, « l’obéissance de la volonté et de l’intelligence au Pontife romain », – sans citer nommément le pape François. Le verdict épiscopal ne s’est pas fait attendre : deux excommunications, s’il ne fait pas immédiatement acte de fidélité publique au pape François !
Le 9 novembre, Don Minutella a rompu le silence et déclaré dans une vidéo diffusée sur internet : « Suite à mon recours présenté à la Congrégation pour le clergé, après avoir envoyé une lettre à mon évêque le 21 septembre, dans laquelle je professais à nouveau toutes les vérités de la foi catholique, y compris l’obéissance de la volonté et de l’intelligence au Pontife romain, le préfet de la Congrégation pour le clergé m’a informé que le recours était suspendu jusqu’au 8 décembre. Dans l’intervalle, j’aurais dû faire une déclaration publique de loyauté au pape François sur les réseaux sociaux. Je me suis demandé pourquoi cette singulière requête. Quoi qu’il en soit, ayant exprimé dans la lettre précédente mon respect – par l’intelligence et la volonté – envers le Pontife romain, je n’ai pas cru devoir répondre à cette demande. Et je me suis posé la question de savoir d’où pouvait bien venir cette demande inhabituelle, jamais vue auparavant. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui (9 novembre), j’ai été convoqué à la Curie par mon évêque, qui après de longs mois passés à me fuir, m’a remis une lettre dans laquelle il est dit que si je ne fais pas acte de fidélité publique au pape François, je serai excommunié par deux excommunications solennelles.
« Il m’est venu un sourire, en pensant qu’ils sont presque en train de lever l’excommunication de Luther, je peux donc toujours espérer... J’ai rappelé à mon évêque que c’est précisément dans la lettre que je lui ai envoyée, et aussi à la Congrégation pour le clergé, pour information, que j’ai réitéré mon obéissance au Pontife romain. C’est de la schizophrénie ou du chantage pur et simple. Je me demande donc, et je vous le demande à tous : le Pontife romain ne serait-il pas le pape François lui-même ? Ou bien le Pontife romain serait-il autre chose que le pape François ? Et si je suis bien la même personne, je ne comprends pas comment je peux faire l’objet de deux excommunications ! (...)
« En tant que prêtre et en tant que baptisé aimant profondément le Christ et son Eglise qui vit le Calvaire, je le déclare : c’est moi qui demande humblement au Pontife romain de clarifier ce qu’il pense vraiment de la communion pour les divorcés remariés, parce qu’il crée un climat de confusion dont il est le premier responsable. Il s’agit du salut des âmes ! Le temps est venu où les vrais catholiques qui ne veulent pas se camoufler derrière un voile, s’avancent à découvert. C’est le moment. J’en appelle avec force aux cardinaux, aux évêques et à mes confrères prêtres, en une période d’immense confusion dans l’Eglise : si nous gardons le silence, nous conduirons un nombre immense d’âmes en enfer, et pour nous aussi il y aura la damnation éternelle. Je me tais depuis des mois et à partir de demain, je serai excommunié deux fois. Maintenant je dis : il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ! Ces condamnations, pour moi, ne seront pas valides, elles sont des médailles du mérite. »
