Espagne : l’Eglise bientôt spoliée de ses biens ?

04 Septembre, 2018
Provenance: fsspx.news
La cathédrale de Cordoue.

Sous le prétexte de vouloir « sortir de l’opacité », le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez souhaite rendre publique la liste de tous les biens appartenant à l’Eglise et pour lesquels cette dernière ne possède pas de certificat de propriété : en ligne de mire, leur récupération par l’Etat. 

En Espagne, une loi de 1946 permettait aux évêques d’inscrire en leur nom propre n’importe quelle propriété, à l’exception des édifices dédiés au culte - exception qui, dans la pratique, a rapidement été mise de côté. 

La réforme de cette loi en 1998, sous le gouvernement de José Maria Aznar, a facilité davantage encore ces inscriptions, permettant à l’Eglise de revendiquer la propriété de biens, sans avoir à fournir de certificat de propriété. 

Mais en 2016, un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg avait qualifié d’arbitraire cette procédure et demandé à l’Etat d’indemniser les propriétaires se jugeant spoliés. 

Un représentant de la Conférence épiscopale espagnole estime entre 30 000 et 40 000 le nombre des propriétés ainsi enregistrées, comme le rapporte Bénédicte Galtier dans l’édition numérique de La Croix du 23 août 2018.  

La cathédrale de Cordoue en est sans doute l’exemple le plus emblématique. L’Eglise l’a inscrite en son nom, le 2 mars 2006, pour seulement trente euros, ce qui a eu pour résultat de faire bondir les mouvements de gauche, furieux de voir que l’Eglise retire de cet édifice des ressources importantes qui ne sont ni déclarées, ni taxées. 

Avec l’arrivée au pouvoir du socialiste Pedro Sanchez, en juin 2018, les chantres de la laïcité se sont remis à espérer : le ministère de la Justice a annoncé souhaiter publier dans les six mois une liste des biens que l’Eglise a acquis et qui ne sont pas enregistrés. « Ce qui se passe en Espagne est unique en Europe (…). Aznar a fait ce que Franco n’avait pas osé faire (…). L’Eglise espagnole s’octroie des pouvoirs et des privilèges qui n’existent nulle part ailleurs en Europe », vitupère Jorge García, président du Mouvement aragonais vers un Etat laïque (Mhuel). Ce militant de la gauche radicale est aussi le porte-parole de la plate-forme Recuperando, qui milite ni plus ni moins pour la spoliation des biens enregistrés par l’Eglise. 

La Conférence des évêques d’Espagne a timidement répondu aux accusations : son secrétaire-adjoint aux affaires économiques, Fernando Giménez Barriocanal, a déclaré « ne pas disposer d’une liste de ces biens », et a souhaité que « le principe de non-discrimination » soit appliqué à l’égard de l’Eglise. L’Eglise d’Espagne aura à ferrailler plus vigoureusement si elle veut ne pas être spoliée de ses biens, à l’instar de ce qui s’est passé en 1905 en France. 

Il lui faudra être en tout cas plus combative que dans l’affaire du décret d’exhumation de la dépouille du général Franco signé le 24 août dernier, cet « acte de revanchisme rétrospectif » - comme la famille du Caudillo l’a qualifié - qui semble avoir laissé de marbre la hiérarchie catholique…