
D’après le quotidien américain progressiste The New York Times, l’Amérique vit actuellement « un renouveau religieux ». Il ne s’agit toutefois pas des « religions » au sens propre mais des mouvements néo-païens.
L’auteur de l’article, David Brooks, analyse essentiellement le mouvement dit de la « Wicca ». Cette spiritualité païenne née dans les années 1950 en Grande-Bretagne mêle des éléments de croyance du chamanisme, du druidisme et des mythologies gréco-romaine, slave, celtique et nordique. Ses adeptes, les « wiccans », vénèrent la nature et s’adonnent à la sorcellerie, dont ils empruntent les codes et l’imagerie.
En 1990, les adeptes de ce mouvement étaient seulement 8.000 aux Etats-Unis. Dix ans plus tard, près de 135.000 habitants s’identifiaient comme « wiccans ». En 2019, avec les autres mouvements néo-païens, ils seraient plus d’un million de « pratiquants », affichant le plus fort taux de développement des mouvements spirituels dans un pays comptant 326 millions d’habitants.
David Brooks relève que « les adeptes de ces croyances sont passés de la marginalité à une visibilité sociale et médiatique ». Il observe des « convergences de plus en plus importantes » entre « la mouvance ésotérique et le militantisme social ». On peut ainsi trouver dans les librairies américaines de nombreux ouvrages expliquant comment utiliser l’astrologie ou la sorcellerie pour faire avancer des causes « libérales ». Ainsi, depuis quelques années, les « wiccans » ont intensifié leur « lutte » contre la droite américaine. Un groupe de 13.000 « sorcières résistantes » s’est ainsi donné pour mission de jeter régulièrement et publiquement des sorts à des politiciens conservateurs. Des figures telles que le juge de la Cour suprême Brett Kavanaugh, jugé trop conservateur, ou le président Donald Trump en ont été la cible.
Selon David Brooks, « le fait de rejoindre les milieux occultes est une façon de dire que l’on se tient en marge de la société, contre le patriarcat, la culture hétéro-normative et les structures d’oppression ». Le succès de ces mouvements s’explique également par « l’autonomie » qu’ils laissent aux fidèles. Tel un self-service, ceux-ci empruntent des éléments issus « des traditions des indiens d’Amérique, du bouddhisme, du christianisme, du judaïsme » et les mélangent « de la façon qui leur convient le mieux ». Pour l’auteur de l’article, il s’agit d’une étape où « la religion s’incline devant l’individualisme ».
L’éditorialiste ne pense cependant pas que cette vague ésotérique soit « durable ». Il doute qu’il soit possible de « conjuguer le besoin d’appartenance communautaire et celui d’autonomie totale ». Il s’interroge également sur la possibilité de « se détacher des pratiques spirituelles fortement enracinées dans la culture et d’avoir une spiritualité cohérente ». Pour autant, David Brooks appelle à prendre ces nouveaux phénomènes au sérieux et à les comprendre en fonction de « la transition religieuse majeure » que « traverse actuellement le monde ». - Nous sommes là devant une nouvelle excroissance de la religiosité américaine, née et élevée dans le libre examen, adoptée par les « grands ancêtres », et qui nous a déjà valu les mormons, les témoins de Jéhovah, les adventistes du septième jour et tant d’autres.