Un lieu cher à de nombreux catholiques lausannois

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05 Février, 2017
Chapelle de la Présentation de Marie
La chapelle de la Présentation de Marie et l'Institut Mont-Olivet le 5 février 2017 © GM

Le 5 février 2017, la Fraternité Saint-Pie X s’est installée dans la chapelle de l’ancien Institut Catholique Mont-Olivet. Située dans le quartier de Montchoisi, la chapelle, bien connue des catholiques, fait partie du patrimoine et de l’histoire religieuse de Lausanne.

C’est en 1916 que les Sœurs de la Présentation de Marie achètent la villa Mont-Olivet.

L’histoire de cette congrégation commence en 1774 en France avec la réponse divine faite à la prière d’une fillette de six ans, Marie Rivier (1768-1838), devenue infirme à la suite d’une mauvaise chute survenue à l’âge de 16 mois : « Sainte Vierge, guérissez-moi et je vous ramasserai des petites, et je leur ferai l’école, et je leur dirai de vous bien servir ! » Et le 8 septembre 1774, Marie se remet soudain à marcher. Lorsque, à 17 ans, on lui refuse de devenir religieuse en raison de sa petite taille et de sa santé fragile, la jeune Marie répond : « Puisqu’on ne veut pas de moi au couvent, j’en ferai un moi-même. » En 1794, en pleine Révolution, elle ouvre avec quatre compagnes une première école dans son village natal de Montpezat (Ardèche) puis de nombreuses autres dans les villages environnants. En 1796, la communauté devient congrégation religieuse et ne cesse de s’accroître1. La congrégation est définitivement approuvée en 1909 par le Pape saint Pie X. Aujourd’hui elle est basée à Castelgandolfo compte un peu plus de 1’000 religieuses dans une vingtaine de pays.

En charge depuis 1862 de l’Institut Catholique du Valentin, la congrégation ouvre en septembre 1918 à la villa Mont-Olivet un pensionnat de jeunes filles qui propose dès les années 50 un programme d’enseignement complet2. C’est à cette époque que sont construits les bâtiments scolaires et la chapelle. Mère Saint-Louis de Gonzague (1902-1990) assume la direction de l’établissement de 1951 à 1969.

En 1987, les Sœurs cèdent la direction et la gestion de l’école devenue mixte à une organisation laïque. L’internat ferme en 1997.

En février 2016, des effectifs en baisse et un endettement trop important ne permettaient pas à l’institut Mont-Olivet de poursuivre ses activités. Une société privée achète le terrain et les bâtiments en vue d’une promotion immobilière et s’engage auprès des sœurs à respecter la destination religieuse de la chapelle.
Très rapidement, alors que rien n’est encore officiel, la Fraternité Saint-Pie X à Lausanne est mise au courant de cette opportunité. Les contacts sont pris et les démarches entreprises auprès des promoteurs qui accueillent favorablement l’idée de laisser l’usage de la chapelle. Finalement après plusieurs mois de péripéties, un bail est signé en attendant une éventuelle acquisition dans le cadre du futur projet immobilier.

Consacrée en 1951, la chapelle de style néo-roman se caractérise par une fresque de l’Annonciation réalisée par Paul Monnier (1907-1982) réputé pour ses vitraux en Suisse Romande (abbaye de Saint-Maurice, église de Montana, etc.). Elle dispose d’un orgue à tuyaux réalisé en 1957 par les ateliers Manufacture d’Orgues de Genève. Charlie Chaplin dont la fille Géraldine était scolarisée à l’Institut en aurait été le bienfaiteur.

  • 1. Lorsque la fondatrice meurt en février 1838, cette apôtre au cœur de feu a fondé 141 maisons, reçu plus de 350 sœurs pour continuer son œuvre. Marie Rivier a été béatifiée à Rome par le pape Jean-Paul II, le 23 mai 1982.
  • 2. Le nouveau collège de Mont-Olivet avait été inauguré en 1948 par Mgr François Charrière, alors évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.
Vue sur l'orgue et l'assemblée © RL

L’histoire de l’Institut n’est pas sans lien avec la Fraternité. Avant la suspense a divinis qui frappa injustement Monseigneur Lefebvre, Mère Saint-Louis s’était déjà rendue à Écône. Jusque dans les années 2000, sa consœur sœur Sainte-Rita est aussi venue régulièrement à la messe célébrée par le chanoine René Berthod (1916-1996) puis la Fraternité à l’Oratoire Saint-Charles Borromée. Quelque ancien se souvient même d’une messe traditionnelle célébrée à Mont-Olivet par un prêtre anglophone venu d’Écône peu après la fondation du séminaire…

Que soient ici remerciées toutes les personnes, vivantes et défuntes, dont les prières ont permis cette nouvelle installation. La Fraternité est heureuse de faire vivre ces lieux chers à de nombreux catholiques lausannois. Elle entend poursuivre dans l’esprit qui a présidé à leur construction – la transmission de la foi et de la grâce – et salue ceux qui, comme le chanoine René Berthod et l’abbé Gustave Demand (1919-2014), ont vaillamment défendu la Tradition à Lausanne.

abbé Jean de Loÿe

(article paru dans Le Rocher c'est le Christ n° 106 - avril - mai 2017)