Antioche : le tremblement de terre a détruit le passé de la ville

20 Mars, 2023
Provenance: fsspx.news
Mgr Paolo Bizzeti

Le vicaire d’Anatolie affirme que la ville est « encore en pleine urgence ». La terre continue de trembler et le bilan, Syrie et Turquie, dépasse les 55.000 morts. La question de la reconstruction se pose de manière pressante.

La Turquie, frappée par le séisme dévastateur du 6 février, vit toujours dans l’urgence totale, avec quelques différences : à Iskenderun les gens essaient de rétablir les services de base, ailleurs, comme à Antioche, « la situation est vraiment tragique ». C’est ce qu’explique à AsiaNews Mgr Paolo Bizzeti, vicaire d’Anatolie.

Le chiffre actualisé des victimes, publié hier par le ministère turc de l’intérieur, est de 48.448 morts. En Syrie, l’estimation est de 7.259 morts pour un total de 55 707 morts dans les deux pays. Et la terre continue de trembler : « cela fait peur et a un fort impact psychologique », admet Mgr Bizzeti.

Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, dresse un tableau de « dévastation choquante et de destruction apocalyptique ». Dans le même temps, il lance un appel pour plus de « ressources » et une « réponse humanitaire plus importante, afin que les gens puissent vivre à nouveau ».

Pour le vicaire d’Anatolie, le cœur de la tragédie reste Antioche où, dit-il, « on a calculé qu’il y a 1,6 million de tonnes de décombres à enlever » pour une ville « rasée ». Les bâtiments qui restent debout ne sont pas habitables et il faudra « un effort énorme pour déblayer » et lancer un plan de reconstruction.

Une destruction qui signe la fin d’une époque

« Nous sommes conscients, poursuit-il, qu’une époque est révolue : tout l’ancien Antioche, avec ses vieilles maisons de style syrien a disparu et ne peut être reconstruit. Même au point de vue touristique, les endroits les plus intéressants ont disparu… des millénaires d’histoire rasés ! La quasi-totalité de la population a fui, vivent sous des tentes ou ont trouvé refuge dans les montagnes. »

L’avenir n’est pas plus avenant : « L’électricité, les égouts, l’eau, les communications : tout doit être reconstruit, même le musée, qui était autrefois la principale attraction, ne sait pas s’il rouvrira et quand, tandis que des travaux sont en cours pour essayer de mettre en cage les statues de l’époque hittite, célèbres dans le monde entier, afin de les préserver. Une situation tragique en devenir.

A Iskenderun la situation reste précaire : « Les banques sont fermées, les services manquent et il n’est pas facile d’essayer de revenir à une vie durable. Les gens sont éprouvés et ont peur de dormir dans leurs maisons, même si elles sont intactes et utilisables », ajoute-t-il. Nous sommes encore en plein tremblement de terre.

Même s’il y a des nouvelles positives : « en avril, des conteneurs devraient arriver pour ouvrir des banques et des bureaux de poste, pour recommencer à fournir des services essentiels et rompre l’isolement, qui est encore plus grand dans les villages et les villes environnants ». Le travail de Caritas Turquie, dont Mgr Bizzeti est le président, se concentre dans les environs d’Antioche.

Enfin, le vicaire d’Anatolie explique que « la question de la reconstruction de l’église d’Iskenderun, que nous ne pouvons certainement pas reconstruire telle qu’elle était, se posera bientôt. Cela peut être l’occasion de repenser l’architecture de la cathédrale pour qu’elle soit en harmonie avec le goût turc, en se basant sur des églises qui s’inscrivent dans la culture et l’architecture turques », conclut-il.