Archevêché de Buenos Aires : d’un Jorge à l’autre

06 Juin, 2023
Provenance: fsspx.news
Le pape François et Mgr Jorge Garcia Cuerva

Le pape François a tranché : c’est Mgr Jorge Garcia Cuerva qui préside désormais aux destinées de l’archevêché de Buenos Aires, le plus important d’Argentine, là même où l’actuel pontife romain a exercé son épiscopat quinze années durant. Un choix clivant à l’image de l’hôte de Sainte-Marthe : il ravit les prêtres des bidonvilles et inquiète les catholiques conservateurs.

Il n’a pas fallu longtemps au Vatican pour faire connaître le nom du successeur de Mgr Mario Poli, cardinal-archevêque de Buenos Aires (Argentine) démissionnaire en raison de la limite d’âge prévue par le droit canon actuel. Signe de l’implication toute particulière du pontife argentin dans cette nomination.

Mgr Jorge García Cuerva – jusqu’ici évêque de Rio Gallegos – occupe désormais le siège qu’un autre Jorge (Bergoglio) a dû quitter lors de son élection comme évêque de Rome au souverain pontificat, c’était en 2013.

Un choix dans la droite ligne de la doctrine sur les « périphéries » chère au pape François. Mgr Garcia Cuerva exerce depuis longtemps son ministère auprès des détenus, des toxicomanes et des résidents de bidonvilles : en soi une belle œuvre de miséricorde à son crédit.

Mais le nouveau primat d’Argentine est aussi favorable à l’accueil des « couples » de même sexe dans les communautés paroissiales, accordant volontiers le baptême aux enfants de ces « couples ». De quoi réjouir les progressistes et inquiéter les catholiques attachés à la foi de leurs ancêtres.

Comble de malchance pour le nouvel archevêque : une vidéo sur laquelle il apparaît en train de célébrer la messe en 2016, défendant le péronisme dans une homélie mêlant de façon hasardeuse politique et citations bibliques, est devenue virale dans le pays.

Pour mémoire, le péronisme est une doctrine fondée par le colonel Juan Domingo Peron (1895-1974). Georges Kletch, in Politique étrangère (fév-mars 1950 p. 87), explique cette doctrine par « des emprunts simultanés au solidarisme chrétien – dignité de la personne humaine, “dignification” du travail, humanisation du capital –, à la Constitution stalinienne de 1936, et aux préceptes propagés en France durant la guerre sous le nom de révolution nationale, sans oublier certaines maximes mussoliniennes. »

Bref, une sorte de mélange sulfureux qui peut effrayer nombre de catholiques argentins. D’ailleurs, dans un article publié par l’un des principaux journaux du pays, La Nacion, un évêque qui souhaite garder l’anonymat a déclaré que les remarques de Mgr Garcia Cuerva étaient « malheureuses et imprudentes », et qu’elles auraient pour conséquence d’intensifier les divisions, notamment politiques, en Argentine.

Une division malvenue pour les services diplomatiques du Saint-Siège, étant donné que le pape François a prévu de se rendre en 2024 dans son pays d’origine pour la première fois depuis son accès au souverain pontificat. Mais les Argentins, passionnés de football et un brin espiègles le savent bien : lorsqu’un joueur n’est pas vraiment à sa place, c’est avant tout au sélectionneur qu’il faut s’en prendre…

Il faudrait enfin se rappeler que les liens entre le Pape actuel et le péronisme ne sont pas clairs. Le vaticaniste Sandro Magister a consacré un article à cette question disputée : « Quand Bergoglio était péroniste. Ce qu’il est encore. »