Carême sous les bombes à la nonciature de Kiev

05 Mars, 2022
Provenance: fsspx.news
Mgr Visvaldas Kulbokas

Joint par téléphone par le Service d’informations religieuses de la Conférence des évêques d’Italie (SIR) Mgr Visvaldas Kulbokas a confirmé sa volonté de rester à la nonciature de Kiev (Ukraine) afin de demeurer au plus proche des chrétiens, et de témoigner de la présence de l’Eglise dans une ville en état de siège.

Alors que la totalité ou presque des chancelleries ont décidé de déplacer leur ambassade plus à l’Ouest, devant l’avancée de l’offensive russe, Mgr Visvaldas Kulbokas entend quant à lui rester auprès de ceux qui souffrent.

Quand on lui demande pourquoi un tel choix, le prélat répond : « parce que nous ne sommes pas qu’une ambassade. Ici, je représente le pape en Ukraine, mais aussi auprès du peuple. (…) J’ai non seulement la possibilité mais aussi le devoir d’être proche des gens. Donc ma place est ici. »

Une présence d’autant plus courageuse que la situation ne cesse de se détériorer dans la capitale ukrainienne : le nonce, en compagnie d’un personnel restreint, deux collaborateurs et quelques religieux, a réussi à accumuler quelques vivres avant le siège de la cité.

« Nous devrions avoir de la nourriture et de l’eau pour un certain temps, mais certainement pas pour très longtemps. Le problème de grave crise humanitaire se fait déjà jour pour certains et au fil des jours il s’étendra à toute la ville de Kiev mais aussi à Kharkiv, Odessa, Marioupol, Kherson, où la situation est similaire », prévient Mgr Kulbokas.

Au-delà des problèmes de nourriture, les bombardements ont radicalement changé la vie à la nonciature : « pour parvenir à se reposer, nous avons identifié les endroits que nous considérons comme relativement plus protégés que d’autres, en cas d’attaque au missile. Nous dormons donc sur les matelas que nous avons placés à certains endroits, à même le sol. Nous célébrons également la messe dans le lieu qui nous semble le plus sûr », précise le prélat.

Lucide, le nonce reconnaît que si « l’on voyait qu’il est humainement impossible de rester, la question se poserait (de partir) mais pour le moment on ne bouge pas », car en étant ici, « on peut ressentir le drame de ceux qui souffrent des coups de feu, du froid, du danger, des blessures et même de la mort ».

Et Mgr Kulbokas de conclure sur le grand moyen à sa disposition : « la prière qui nous unit à Dieu et nous fait en Lui redevenir des frères, attentifs les uns aux autres, solidaires, miséricordieux, justes, corrects, pleins de respect et d’amour. Et quand Dieu nous voit ainsi, il ne peut pas rester indifférent et ne pas nous donner la paix en cadeau. »