Chine : les catholiques persécutés du Xinjiang

05 Mars, 2021
Provenance: fsspx.news
L’église de Yining, aujourd’hui démolie, avant et après transformation en 2018

Le territoire autonome du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) fait souvent la « une » des médias occidentaux en raison de l’oppression dont sont victimes les Ouïghours musulmans. Mais les catholiques subissent aussi de plein fouet la persécution communiste, comme un récent événement vient une nouvelle fois de le rappeler.

Yining est une cité de plus de trois-cent-mille habitants située aux confins de la province du Xinjiang, à la frontière avec le Kazakhstan, sur le chemin de l’antique Route de la soie.

Pékin se trouve à trois mille kilomètres plus à l’est, mais n’allez pas croire que l’emprise communiste y soit moins forte : comme partout en Chine, les chrétiens y sont persécutés.

A Yining, les catholiques comptent environ deux mille fidèles : ce sont les descendants des Chinois exilés par la dynastie mandchoue des Qing (XVIIe-XXe siècles), ou lors de la Révolution culturelle.

Le petit troupeau avait obtenu un permis de construire pour une église en 1993, au moment où une légère détente religieuse se faisait sentir dans l’empire du Milieu, sous le « règne » de Deng Xiaoping (1978-1997).

A l’époque, le gouvernement local avait choisi de vendre aux catholiques un terrain suffisamment éloigné du centre-ville, afin que l’église ne fût pas trop visible.

Mais, au fil du temps, la croissance urbaine est devenue telle que l’église du Sacré-Cœur s’est mise à attirer l’attention des autorités communistes et des spéculateurs immobiliers, qui sont souvent les mêmes.

En 2018, l’antenne locale du SARA – le Bureau des affaires religieuses – a fait ôter quatre bas-reliefs ornant la façade du lieu de culte, deux statues représentant les apôtres saint Pierre et saint Paul, la croix ornant le tympan, le clocher, et les deux coupoles, au nom de la sinisation de l’Eglise entreprise par le nouveau maître de Pékin, Xi Jinping.

Tout s’accélère au début de 2021, l’année du Bœuf devant être fatale pour l’église du Sacré-Cœur : ainsi, le 19 février dernier, les fidèles de Yining ont été convoqués afin de procéder à une grande opération nettoyage de l’édifice, préalable à sa démolition.

Ironie du sort, les mandarins communistes œuvrant à la démolition sont les mêmes qui, en l’an 2000, avaient assisté à la bénédiction de l’église construite avec leur autorisation… Et qui devraient empocher les larges bénéfices de la revente du terrain, en bon fidèles du Grand Timonier, une main sur le petit livre rouge, l’autre sur le portefeuille.

Les fidèles de Yining sont désormais sans église, comme dans deux autres paroisses du Xinjiang – Hami et Kuitun – qui ont subi le même sort ces dernières années, témoins lointains et oubliés d’une persécution silencieuse.