
Comme il est de coutume en Chine chaque année, à la veille des fêtes pascales, le régime communiste, dirigé d’une main de fer par Xi Jinping, cherche à renforcer son contrôle sur l’Eglise “non officielle” – dite “souterraine” ou clandestine –, reconnue par le Vatican mais pas par Pékin.
Le 7 avril 2022, les autorités ont arrêté Mgr Shao Zhumin de Wenzhou (Zhejiang) et l’ont emmené en avion. Les fidèles sont inquiets car ils ne savent pas où se trouve leur pasteur, et la police aurait confisqué son téléphone portable.
On soupçonne que le gouvernement voulait l’empêcher de célébrer la Semaine Sainte, notamment la messe chrismale. Peu de temps auparavant, la police avait également arrêté le secrétaire diocésain Jiang Sunian, qui a ensuite été libéré.
Ce n’est pas la première fois que la police arrête Mgr Shao, le faisant même disparaître pendant des mois. Début novembre, il a été libéré après avoir été détenu pendant plusieurs jours. On lui fait souvent subir un lavage de cerveau pour le pousser à rejoindre l’Eglise “officielle”, contrôlée par le Parti communiste chinois (PCC).
L’ombre de Pékin plane également sur le diocèse de Xuanhua (Hebei). En janvier, avant le Nouvel An lunaire, les autorités ont enlevé plus de dix religieux, dont Mgr Augustin Cui Tai – assigné à résidence depuis plus de dix ans – et son adjoint Zhang Jianlin. Pour l’instant, il n’y a aucune nouvelle de leur éventuelle libération.
La répression du diocèse s’explique par les tensions dans la région de Zhangjiakou. Plusieurs compétitions des récents Jeux olympiques d’hiver de Pékin s’y sont déroulées. Aux yeux du gouvernement, qui tient à ce que tout se passe bien, l’Eglise catholique est un facteur de déstabilisation.
Le diocèse de Xuanhua a été fondé par le Saint-Siège en 1946, mais en 1980, le gouvernement a créé le diocèse “officiel” de Zhangjiakou, et les diocèses de Xuanhua et de Xiwanzi y ont été incorporés. Cependant, le diocèse de Zhangjiakou n’est pas reconnu par le Saint-Siège.
Outre les pressions habituelles pour plier les pasteurs à l’autorité de l’Association “catholique” patriotique, expression du Parti communiste, le gouvernement chinois chercherait à obtenir des informations sur Mgr Zhao Kexun, décédé en 2018 et jusque-là évêque ordinaire de Xuanhua.
Après un raid en 2007, le prélat a vécu caché dans un lieu secret pour éviter les problèmes avec les autorités. La police aurait torturé Mgr Cui et certains prêtres pour obtenir des informations sur Mgr Zhao, notamment sur l’endroit où il était enterré. Pour le diocèse de Xuanhua, cette situation est un désastre sans précédent.
De nombreux évêques et prêtres détenus n’ont pas encore été libérés. Les fidèles ne reçoivent aucun soin pastoral. Sur Internet, on trouve des reportages qui diffament et calomnient l’église clandestine.
Bien qu’un accord provisoire entre la Chine et le Vatican sur la nomination des évêques ait été signé – qui a été renouvelé en octobre 2020 – la persécution des représentants de l’Eglise, en particulier ceux qui ne sont pas officiels, n’a pas cessé.