Cologne : le muezzin peut donner de la voix

19 Octobre, 2022
Provenance: fsspx.news

Du haut de ses 157 mètres de hauteur et de ses tout juste sept siècles d’existence, la cathédrale de Cologne n’en croit pas ses oreilles : pour la première fois, l’appel du muezzin à la prière a retenti dans la ville qui possède l’une des plus importantes communautés musulmanes d’Allemagne.

Flanquée de deux minarets au style futuriste – histoire d’évoquer un prétendu lien entre islam et modernité – la mosquée de la quatrième plus grande ville d’Allemagne est située sur une route fréquentée, à l’ouest du centre-ville.

Manœuvré par l’Union turco-islamique pour les affaires religieuses, ou DITIB, le bâtiment cultuel a été inauguré par le président turc en personne, Recep Tayyip Erdogan, en 2018. Mais le projet remonte au milieu des années 1990 : à l’époque la municipalité conservatrice (CDU) s’était déjà déclarée favorable à la construction d’une mosquée.

Le 14 octobre 2022, à 13h24, la foule était nombreuse sur le parvis de la mosquée afin d’entendre retentir la voix de l’imam Kader : durant plusieurs minutes, la chahada – profession de foi islamique – a fait entendre sa mélopée, mais à volume limité, pas plus de 60 décibels, afin de ne pas trop effrayer les non musulmans vivant dans le quartier.

Mais l’islam – qui revendique entre 4,5 et 6 millions d’adeptes outre-Rhin – peut se prévaloir d’une décision du tribunal constitutionnel allemand qui autorise désormais, de façon générale, les appels à la prière sur tout le territoire.

A Cologne, Zekeriya Altug, l’un des responsables de la communauté musulmane, tente de rassurer : il ne s’agit en aucun cas « de se faire entendre dans tout le quartier ou de perturber le quotidien des gens, simplement de permettre aux musulmans de vivre leur religion », précise-t-il.

Une explication qui ne convainc pas sur le terrain : selon un sondage du journal Bonner General Anzeiger, deux tiers des personnes rejettent l’affirmation selon laquelle « l’appel devrait être entendu de la même manière que les cloches des églises chrétiennes ».

Pour le maire de Cologne, Henriette Reker, qui défend l’appel à la prière, l’objectif est « de refléter la diversité de la ville et d’établir un dialogue » : un irénisme qui fait grincer des dents du côté du parti Alternative pour l’Allemagne qui s’est emparé du sujet sur les réseaux sociaux, pour mobiliser les 56% d’Allemands encore opposés à l’idée selon laquelle « l’islam fait partie de l’Allemagne ».

Mais la mobilisation n’est pas vraiment à l’ordre du jour : ainsi, le 14 octobre dernier, ils n’étaient qu’une petite trentaine de manifestants à exprimer leur désapprobation, au cri de « pas d’appel du muezzin à Cologne », bientôt rejoints par un groupe de femmes protestant quant à elles contre les répressions actuelles en Iran…

Quant aux Rois mages, dont les reliques sont vénérées dans la cathédrale, on peut imaginer leur perplexité : avec cette montée en puissance de l’islam dans une cité qui compte désormais un musulman sur dix habitants, leur faudra-t-il, une fois de plus, « regagner leur pays par un autre chemin » ? (Mt 2, 12)