
Mgr Salvatore Cordileone, archevêque de San Francisco, a annoncé que la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ne pourrait plus recevoir la communion aux messes célébrées dans l’archidiocèse, jusqu’à ce qu’elle répudie publiquement son soutien à l’avortement.
Mgr Cordileone a déclaré que la décision était « purement pastorale et non politique » et n’a été prononcée qu’après que Pelosi, qui se décrit comme une « fervente catholique », ait repoussé à plusieurs reprises ses efforts pour la contacter au sujet de sa défense de l’avortement.
L’archevêque a ajouté qu’il avait averti Mme Pelosi, qui vit en Californie, le 19 mai. Cette dernière n’a pas réagi après la communication de l’affaire aux médias. Elle avait déclaré en 2008, que se voir refuser la communion serait « un coup dur ».
La décision de Mgr Cordileone ne s’applique qu’au sein de l’archidiocèse de San Francisco. A Washington, par exemple, elle pourra recevoir la communion comme d’habitude car le cardinal Wilton Gregory l’autorise.
Dans la lettre adressée à ses diocésains, l’évêque explique qu’il a émis cette instruction conformément au canon 915 du Code de droit canonique, qui stipule que : « Ceux … qui persévèrent obstinément dans un péché grave manifeste ne doivent pas être admis à la Sainte Communion. »
Lettre aux prêtres
Dans une lettre envoyée aux prêtres du diocèse de San Francisco, Mgr Cordileone répond de manière préventive aux critiques selon lesquelles il « politisait l’Eucharistie ». Il insiste sur le fait que sa décision était « simplement l’application de l’enseignement de l’Eglise ».
L’archevêque décrit aussi ses tentatives répétées de rencontrer Mme Pelosi depuis qu’elle a annoncé en septembre 2021 qu’elle chercherait à obtenir que Roe v. Wade obtienne le statut de loi fédérale dans le droit américain.
Le prélat explique qu’il a écrit à la présidente de la Chambre des représentants en avril de cette année, lui demandant de répudier cette position, ou bien de s’abstenir de faire référence à sa foi catholique en public et de recevoir la Sainte Communion.
« Je l’ai aussi avertie que si elle refusait de le faire, je serais obligé de faire une annonce publique pour dire qu’elle ne serait pas admise à la Sainte Communion. » Lorsqu’elle s’est décrite comme une « fervente catholique » tout en expliquant pourquoi elle soutenait l’avortement, il a décidé d’agir.
Le conflit remonte à loin
Mgr Cordileone et Nancy Pelosi se sont affrontés à plusieurs reprises sur l’avortement depuis la nomination de l’évêque comme pasteur de l’archidiocèse de San Francisco en 2012.
La tension est montée en flèche en 2021, lorsque la possibilité d’annuler le jugement Roe v. Wade de 1973 est parvenu à la Cour suprême et que les évêques américains ont eu une discussion animée sur la question de savoir si les politiciens pro-avortement devaient se voir refuser la communion.
En mai 2021, Mme Pelosi a déclaré qu’elle était « satisfaite » d’une lettre du Vatican aux évêques américains abordant le débat. Elle a déclaré que le Vatican avait demandé aux évêques de ne pas « diviser » sur la question.
En juillet 2021, Mgr Cordileone a vivement critiqué Pelosi après qu’elle ait invoqué sa foi catholique en défendant ses efforts visant à autoriser le financement fédéral des avortements.
Soutien de plusieurs évêques
L’archevêque de San Francisco a reçu le soutien de plusieurs évêques américains dans son refus de donner la communion à la présidente de la Chambre des représentants.
Mgr Samuel Aquila de Denver a déclaré : « Mgr Cordileone est un pasteur avec l’esprit du Christ, et l’enseignement de l’Eglise est clair au sujet des personnes qui mettent leur âme en danger si elles se séparent de Dieu à cause d’un péché grave et reçoivent ensuite la Sainte Eucharistie de manière indigne.
« Et lorsque cette personne est une personne publique, l’amour pour la communauté signifie se prémunir contre le scandale et la confusion et protéger les autres d’être entraînés dans le péché s’ils ne voient pas le problème traité de manière appropriée et avec compassion. »
Mgr Donald Hying de Madison : « Je soutiens pleinement la décision prudente de Mgr Cordileone de reconnaître que la députée Nancy Pelosi, a constamment pris des positions publiques en faveur de l’avortement légal, contrairement à sa foi catholique professée, choisissant de se séparer de la pleine communion avec l’Eglise catholique, et ne devrait donc pas se présenter pour recevoir la Sainte Communion dans l’archidiocèse de San Francisco. »
Mgr Joseph Strickland de Tyler a tweeté : « Je félicite l’évêque Cordileone pour avoir “aimé Nancy Pelosi dans la Vérité de Jésus-Christ”. »
Mgr James Conley de Lincoln a tweeté à son tour : « Je soutiens Mgr Cordileone dans son action pastorale courageuse concernant un membre de son troupeau. Ses actions sont faites comme un berger avec le cœur de Christ. »
Enfin Mgr Robert Vasa, évêque de Santa Rosa – évêché suffragant de l’archidiocèse de San Francisco – a déclaré : « J’ai rendu visite au pasteur de la paroisse de Pelosi et je l’ai informé que si l’archevêque interdisait à quelqu’un de recevoir la Sainte Communion, alors cette restriction suivait la personne et que le pasteur n’était pas libre de l’ignorer. »