Etats-Unis : un diocèse américain s’oppose à l’idéologie du genre

18 Mars, 2023
Provenance: fsspx.news
Mgr William Joensen

Mgr William M. Joensen, évêque du diocèse de Des Moines depuis 2019, dans l’Iowa (Etats-Unis), a publié sept règles concrètes contre l’idéologie du genre, applicables dès le 16 janvier 2023, dans les 80 paroisses, 17 écoles et 4 hôpitaux du diocèse.

Les prêtres, les enseignants, les parents et les directeurs d’école avaient en effet demandé au diocèse d’établir des normes unifiées pour toutes les écoles et les paroisses. Pour Mgr Joensen, qui a une longue expérience d’aumônier d’université avant sa nomination comme évêque, ces normes pourraient également servir d’exemple dans d’autres diocèses.

Ces règles sont présentées à la suite d’un texte de six pages intitulé « Guide et politiques sur l’identité du genre » et publié sur le site du diocèse. Le texte s’articule en trois parties : “L’Eglise et sa mission en tout temps et en tout lieu” ; “La dysphorie de genre et l’impératif pastoral de la sollicitude compatissante” ; “Résumé général de l’enseignement chrétien catholique sur la personne humaine”.

« L’objectif n’est pas seulement de conserver la doctrine, mais de protéger les personnes, et particulièrement les mineurs lésés par une science erronée et par une idéologie contraire à la nature humaine », rappelle le document.

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres »

Les règles établies se fondent sur le principe du respect du sexe biologique des personnes, car « fondées sur la révélation divine et l’enseignement de l’Eglise selon lequel nos identités d’homme et de femme sont établies dans le cadre du plan providentiel de Dieu pour l’humanité. Le mystère de la sexualité humaine en tant que composante-clé de l’identité personnelle est reçu comme un don créé par Dieu que nous ne sommes pas autorisés à chercher à changer. »

C’est pourquoi elles interdisent au personnel et aux institutions d’utiliser des pronoms autres que ceux liés au sexe réel, les vestiaires et les toilettes seront séparés en fonction du sexe biologique, et il sera interdit d’administrer des bloqueurs de puberté dans les institutions catholiques.

« Toute personne doit normalement se présenter d’une manière conforme à la dignité que Dieu lui a donnée. Lorsqu’un code vestimentaire ou un uniforme existe, toutes les personnes doivent suivre le code vestimentaire ou l’uniforme qui correspond à leur sexe biologique. »

Face à « une détresse psychologique », la charité catholique

Le diocèse américain cite l’American Psychiatric Association qui a montré que la dysphorie de genre est « la détresse psychologique qui résulte d’une incongruité entre le sexe assigné à la naissance et l’identité de genre » (Diagnostic de la dysphorie de genre, 2022, Psychiatry.org).

Il mentionne également le pape François qui s’est demandé si « la soi-disant théorie du genre n’est pas l’expression de la frustration et de la résignation, qui cherche à annuler la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus comment l’affronter. Oui, nous risquons de faire un pas en arrière. La suppression de la différence crée en fait un problème et non une solution » (Audience générale, 15 avril 2015).

Le texte de six pages est une présentation détaillée de la position catholique sur le sexe et le genre. Face à une personne souffrant de dysphorie de genre, explique-t-il, « la discrimination et un traitement hostile doivent être fermement évités », mais la véritable aide est « l’accompagnement sur le chemin de la guérison personnelle, de l’acceptation de soi, de l’intégration et de la paix. (…)

« Toute réponse qui ratifie et renforce la déconnexion perçue entre le sexe biologique et l’affiliation de genre n’est pas une véritable compassion. » En résumé, explique le document, « la charité “doit être comprise, confirmée et pratiquée à la lumière de la vérité”, et ces personnes doivent donc être encouragées à rechercher l’harmonie entre leur sexe biologique et leur genre, non pas en rejetant l’un ou l’autre, mais en se tournant vers le Christ et les services médicaux et psychologiques qui sont enracinés dans une anthropologie authentique. »

« Il serait contraire à l’intérêt supérieur de la personne que les professionnels de la santé, les membres de la famille, les enseignants ou les prêtres encouragent et favorisent l’ablation de membres sains, les mutilations génitales ou un traitement hormonal », explique le texte, en précisant : « de tels traitements, en particulier pour les enfants, sont invasifs et perturbateurs si l’on tient compte des aspects de la personne dans son ensemble : biologiques, psychologiques et spirituels. »

Face à l’idéologie du genre, le diocèse oppose la réalité de la personne humaine qui « est une union corps-âme, et le corps – en tant que créé masculin ou féminin – est un aspect essentiel de la personne humaine. Il existe une réalité complexe liée au sexe d’une personne, impliquant les composantes physiques (c’est-à-dire les gonades et autres caractéristiques évidentes), psychologiques et sociales.

« Une personne saine est une personne dans laquelle ces dimensions sont intégrées. Le diagnostic de dysphorie de genre ne justifie pas la modification de son corps par des thérapies hormonales médicamenteuses ou par la chirurgie ; la personne a plutôt le droit de recevoir un amour et un soutien inconditionnels, ainsi que des soins psychologiques et pastoraux. »

Les voix des contestataires

Le principal groupe de pression LGBT de l’Iowa a immédiatement publié une déclaration accusant l’Eglise de « haine » pour avoir fait du misgendering (mauvais usage du genre). Pour lui, seules les personnes concernées peuvent déterminer ce qui est ‘bon’ pour elles et non pas quelqu’un d’autre.

Et d’invectiver : « Appeler cela de la compassion revient à confondre la haine avec l’amour. Vous ne pouvez pas prétendre être compatissant tout en malmenant les gens et en leur refusant l’accès aux espaces sous votre responsabilité. » La porte-parole du groupe de pression, Courtney Reyes, s’insurge en outre contre le fait que les règles « restreignent les soins médicaux nécessaires, obligent le personnel à mal répartir les étudiants et créent des problèmes de sécurité dans les vestiaires ».

La sénatrice démocrate Claire Celsi, s’est élevée contre cette politique du diocèse, déclarant au Des Moines Register que « de nombreuses personnes qui explorent leur identité de genre ou leur orientation sexuelle sont souvent jeunes et se tournent parfois vers les enseignants ou les administrateurs scolaires pour obtenir un soutien. Mais les politiques menées par le diocèse suppriment désormais les écoles comme ces lieux de refuge. »

Le wokisme, « une guerre contre l’Eglise catholique »

Le journaliste Rod Dreher n’a pas hésité à saluer la politique de Mgr Joensen dans The American Conservative du 17 janvier : « Il est stupéfiant de penser que des règles de bon sens comme celles-ci sont considérées de nos jours comme inhabituelles et courageuses, mais c’est bien là où nous en sommes. Bravo à l’évêque Joensen !

« Que se passe-t-il si l’Etat décide de retirer les fonds publics ? Nous verrons bien. Mais soyons reconnaissants pour cette décision. Qu’en est-il de votre diocèse ? L’évêque Joensen ne devrait pas être seul. »

Sur Twitter, le même jour, Rod Dreher renchérissait : « Grande nouvelle ! Le diocèse catholique de Des Moines, dans l’Iowa, ne se laissera pas intimider par les idéologues du genre et les wokes. Tant mieux pour l’évêque Joensen, mais il ne devrait pas faire cavalier seul. »

Pour Leo James Terrell, avocat spécialisé dans les droits civils et consultant sur Fox News, « c’est une guerre contre la religion. (...) L’activisme woke a infiltré l’école publique et leurs prochaines cibles sont les institutions religieuses. Ils essaient de créer la peur. »