Etats-Unis : un processus synodal contesté

24 Septembre, 2022
Provenance: fsspx.news

Le rapport établissant la synthèse du processus de consultation des catholiques américains en vue du synode, a été publié par la Conférence des évêques des Etats-Unis (USCCB) le 19 septembre 2022, plus d’un mois après la date limite imposée par le Vatican. Le fond et la forme du document sont cependant loin de faire l’unanimité.

« On trouve tout à la Samaritaine. » Outre-Atlantique, la synthèse des consultations des fidèles en vue du synode ne fera pas mentir le slogan publicitaire de l’un des plus célèbres grands magasins parisiens.

C’est d’ailleurs ce que semble reconnaître – vu l’abondance des éléments de langages – Mgr Daniel Flores, président de la commission doctrinale de l’USCCB, lorsqu’il décrit le rapport rendu public le 19 septembre dernier comme « une tentative de synthétiser et de contextualiser les joies, les espoirs et les blessures communes ».

Du point de vue de la joie, le document ne contient que deux paragraphes sur l’importance de l’Eucharistie dans la vie du chrétien.

La synthèse met davantage l’accent sur des « blessures », de nature fort diverse : le « manque d’unité » entre les évêques américains et le Saint-Père en raison de prétendues « idéologies politiques », côtoie la critique d’un accès trop « limité » à la messe traditionnelle, dans la foulée du motu proprio Traditionis Custodes.

Sans parler d’une Eglise jugée insuffisamment accueillante à l’égard des « membres de la communauté LGBT », des divorcés « remariés », des victimes du « racisme », et des femmes trop souvent « marginalisées », dont il conviendrait de « renforcer le leadership ».

Des voix n’ont pas tardé à se lever dans l’épiscopat, comme celle de Mgr Thomas Tobin, évêque de Providence, connu pour ses positions conservatrices, qui regrette que les consultations aient accouché d’un « document plutôt austère, axé sur les blessures, les luttes et les plaintes », laissant au second plan le « travail grand et généreux qui se réalise chaque jour dans l’Eglise ».

De plus, il est loisible de s’interroger sur la pertinence d’une synthèse qui s’appuie sur environ 700 000 contributions au niveau diocésain, tandis que 73 millions d’Américains se reconnaissent comme catholiques.

Certains rapports diocésains ont d’ailleurs remarqué le faible nombre total de participants, sans parler du fait que les « sessions d’écoute locales » auraient été fréquentées par des foules plutôt âgées, issues de la génération 1968 : plusieurs témoignages émanant des diocèses de Pittsburg, d’Omaha, de San Francisco vont dans ce sens.

Pour répondre à l’objection de consultations non représentatives, les coordinateurs du synode bottent en touche, en expliquant que le processus synodal est « une entreprise spirituelle, et non une entreprise scientifique ; il nécessite un discernement de prière plutôt qu’une analyse quantitative ». Une façon d’avouer à demi-mot les carences de la synthèse.

Le rapport doit désormais être incorporé dans un instrumentum laboris – ou document de travail – qui servira de base de réflexion lors de la « phase continentale » du synode qui doit commencer à la fin de l’année. L’ensemble du processus de synode sur la synodalité devrait se terminer par une réunion mondiale des évêques en octobre 2023.