Irak : la restitution des biens spoliés aux chrétiens s’accélère

04 Mars, 2022
Provenance: fsspx.news

Une partie des biens immobiliers appartenant à des chrétiens irakiens spoliés durant l’occupation de l’organisation Etat islamique (EI) sont enfin revenus entre les mains de leurs propriétaires légitimes, comme l’avait promis le leader chiite Moqtada Al-Sadr, maître incontesté de l’Irak à l’heure actuelle.

Un rayon de soleil s’est mis à briller dans le ciel maussade des chrétiens d’Irak, en ce 21 février 2022 : c’est à cette date en effet que l’acte officiel de restitution des biens immobiliers, dont ils avaient été spoliés lors de l’occupation de l’organisation Etat islamique (EI), a été solennellement signé, en présence des autorités irakiennes, dont l’un des proches collaborateurs de Moqtada Al-Sadr.

Toujours coiffé du turban noir des descendants du « Prophète », le dignitaire chiite jouit d’une grande popularité en Irak, due autant à son lignage qu’au rôle politique qu’il a joué depuis l’invasion américaine, en 2003.

Après la mort de son beau-père, Mohamed Baqir Al-Sadr, réformateur de l’islam chiite exécuté en 1980 par Saddam Hussein, et de son père, le grand ayatollah Mohamed Sadiq Al-Sadr, tué avec deux de ses fils à Nadjaf en 1999, Moqtada a repris le flambeau du courant sadriste, en alliant islam puritain et action sociale, non sans succès.

C’est au début de l’année 2021 – et probablement pour s’attacher le vote des chrétiens quelques mois avant des élections législatives qu’il devait remporter le 10 octobre suivant – que le chef du parti sadriste avait créé un comité chargé de collecter et de vérifier les plaintes concernant les expropriations de biens chrétiens.

Une initiative, comme l’avait lui-même expliqué le leader chiite, qui avait officiellement pour objectif de rétablir la justice, en mettant fin aux violations du droit de propriété dont étaient victimes ses « frères chrétiens ».

Il faut dire que l’exode croissant de ces derniers, après l’effondrement du régime de Saddam Hussein en 2003 – grâce à une intervention américaine qui eut surtout pour résultat l’invasion djihadiste de l’EI dans la région – avait laissé le champ libre à l’expropriation « légalisée » et au vol de biens, comme en témoignent les plus hauts responsables catholiques du pays.

Ainsi, dans une lettre pastorale envoyée aux fidèles à l’occasion de Noël 2015, le patriarche catholique de rite chaldéen, le cardinal Louis Raphaël Sako, avait osé dénoncer les « familles victimes d’attaques ciblées et d’expropriations par des délinquants et des groupes extrémistes ».

En avril 2017, l’ancien parlementaire chrétien Yonadam Kanna, chef du Mouvement démocratique assyrien, était lui aussi revenu sur cette épineuse question, pointant du doigt les « criminels qui produisent de faux documents et de faux certificats, pour réclamer des biens, des maisons ou des entreprises aux chrétiens qui ont émigré  du pays ces dernières années en raison des guerres et de la violence ».

Si, désormais, ce sont plus de 120 biens immobiliers qui ont été rendus à leurs propriétaires, le Comité pour la restitution des propriétés chrétiennes souhaite que cette politique se poursuive, exprimant de plus l’espoir d’un « retour rapide » de tous les chrétiens d’Orient ayant quitté leur terre d’origine.