
Le sacre épiscopal de Mgr Joseph Bonnemain, nouvel évêque de Coire en Suisse, suscite de vives réactions parmi les catholiques, surtout en Helvétie, en raison de la communion donnée à des protestants.
Le 19 mars 2021, Mgr Bonnemain, désigné évêque de Coire après deux années d’attente, était sacré évêque par le cardinal suisse Kurt Koch, dans la cathédrale du diocèse.
Par dérogation à la jauge de 50 fidèles, la cérémonie accueillait une centaine d’assistants, dont trois protestants : Rita Famos, présidente de l’Eglise protestante réformée de Suisse ; Michel Müller, président du conseil de l’Eglise de Zurich ; et Mario Fehr, membre du gouvernement de Zurich.
Ces protestants ont reçu la communion des mains du nouvel évêque. L’affaire a été révélée par le site conservateur kath.net qui a interrogé Mgr Bonnemain.
Ce dernier a répondu qu’il s’est conformé aux normes concernant la réception de la communion par les non-catholiques : « L’application de ces normes à des individus spécifiques lors d’une célébration publique tient compte des circonstances existantes et de l’attitude personnelle » a-t-il précisé.
Kath.net a également interrogé le cardinal Koch, célébrant principal de la messe. Ce dernier a déclaré qu’il n’avait appris l’octroi de la communion aux protestants que le lendemain de la célébration.
« Je n’en ai pas été informé et je n’ai rien vu. Je n’ai pas distribué la Sainte Communion pendant la célébration de la consécration de l’évêque, mais j’ai pris place dans ma stalle de chœur. Dans ces moments-là, j’ai tendance à prier pour moi-même et à ne pas regarder qui vient communier. »
Un très fâcheux exemple
Cette situation est on ne peut plus malheureuse pour le cardinal Koch. Pour mémoire, le président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens est en désaccord avec les perpétuelles « avancées » ou « percées » d’outre-Rhin, sur la question de l’hospitalité eucharistique – précisément, le fait de donner la communion aux protestants.
Depuis le mois de janvier 2020, son dicastère s’oppose à l’épiscopat allemand et au « groupe de travail œcuménique allemand » présidé par Mgr Georg Bätzing, actuel président de la conférence épiscopale allemande.
En septembre dernier, la congrégation pour la doctrine de la foi intervenait – pour la deuxième fois en deux ans – pour mettre en garde contre la volonté affichée des évêques allemands d’autoriser une large hospitalité eucharistique à l’occasion de la réunion œcuménique qui doit normalement se tenir à Francfort en mai prochain.
En octobre, le cardinal Koch avait pris la défense de ce texte devant Mgr Bätzing et d’autres évêques allemands, sans trop de résultat.
Que va-t-il pouvoir dire, maintenant que cette hospitalité s’est déroulée sous ses yeux, au cours d’une messe dont il était le célébrant ? N’aura-t-il pas perdu toute crédibilité aux yeux des novateurs ?
Et ceci, alors que l’autorité de la congrégation pour la doctrine de la foi est malmenée à l’occasion de sa déclaration sur l’impossibilité de bénir les couples homosexuels ?
Une défense étrange
Le site kath.ch a entrepris de défendre Mgr Bonnemain en rappelant que le cardinal Joseph Ratzinger avait donné la communion au frère Roger Schutz, protestant et supérieur le communauté de Taizé, lors des funérailles du pape Jean-Paul II. (Découvrir la photo.)
Mais cette raison est tout, sauf une bonne raison. L’erreur ou la faute d’un autre, ne peut nous excuser de notre propre faute. Et Mgr Bonnemain n’est pas excusé par la faute du cardinal Ratzinger.
Vouloir faire avancer l’œcuménisme par cette hospitalité eucharistique est une grave erreur. L’excuse – qui n’en est pas une – est que la communion n’est donnée qu’à ceux qui manifestent la foi catholique dans ce sacrement.
Mais prend-on le temps de demander ce que croient ceux qui sont au banc de communion ? Et de plus, il suffit de nier un seul dogme pour être hérétique et séparé de l’Eglise. Le sacrement de l’eucharistie, sacrement de l’union du Christ et de son Eglise, peut-il être donné à ceux qui nient la foi catholique ? Poser la question, c’est y répondre.