La Russie lance un ultimatum à Israël

22 Avril, 2022
Provenance: fsspx.news
La cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité à Jérusalem

Le président russe Vladimir Poutine a exigé le 17 avril 2022, par une lettre au Premier ministre Naftali Bennett, que l’église Alexandre Nevski, située dans la vieille ville de Jérusalem, soit immédiatement transférée à la Russie.

Cet ultimatum de Poutine place l’état Hébreux dans une situation difficile : il risque de déclencher un affrontement diplomatique avec la Russie s’il refuse, mais dans le cas contraire, il risque une vague de critiques de la part de l’ensemble de la communauté internationale.

La reprise du différend sur l’église Alexandre Nevski survient alors que la Russie exprime sa colère contre la position d’Israël concernant son invasion de l’Ukraine. Le 17 avril, l’ambassadeur Alexander Ben Zvi a été convoqué au ministère des Affaires étrangères de Moscou pour clarifier les déclarations du ministre des Affaires étrangères Yair Lapid.

« Il y a eu une tentative mal camouflée de profiter de la situation en Ukraine pour détourner l’attention de la communauté internationale de l’un des plus anciens conflits non résolus – celui palestino-israélien », a déclaré le ministère russe.

Un passé agité

L’église, fondée par la Russie au XIXe siècle, est aux mains de la Société orthodoxe de Palestine qui relève de l’Eglise orthodoxe russe hors frontières, indépendante du patriarcat de Moscou. L’église Alexandre Nevski, également connue sous le nom de cathédrale de la Sainte Trinité, est un atout important de l’église orthodoxe russe de Jérusalem, située au cœur du quartier chrétien.

Le lieu saint a fait la une des journaux en 2019, après l’emprisonnement de Naama Issachar à Moscou, pour possession de cannabis sur le territoire russe. Afin de libérer le jeune Israélien, Netanyahou a promis à Poutine l’église Alexandre Nevski.

La Russie en détient de facto la propriété depuis 1890. Sous l’Empire ottoman, elle a été reconnue comme appartenant au « glorieux royaume russe ». Moscou a demandé, en 2017, qu’Israël reconnaisse la désignation ottomane du site. En 2020, Netanyahu a décidé que le litige relevait de la catégorie des « lieux saints » et ne pouvait donc pas être résolu devant un tribunal.

Peu de temps après, le commissaire israélien au registre foncier a en effet enregistré le gouvernement russe comme propriétaire du complexe Alexandre Nevski.

Une Commission qui tarde à se réunir

Mais, sous la nouvelle administration Bennett, une décision rendue par la Cour suprême a suspendu la reconnaissance finale. Un comité a été mis en place en 2021 pour déterminer la propriété, qui ne s’est pas encore réuni.

L’impatience russe ressurgit et la lettre de Poutine a été révélée par Sergei Stepashin, ancien Premier ministre russe et chef de l’association en charge des actifs russes au Moyen-Orient.

Ce dernier a critiqué Israël pour avoir bloqué le conflit de l’église Alexandre Nevski en raison de la guerre en Ukraine. « Nous nous battons pour le retour de ce bien : nous y étions presque, nous avons trouvé tous les documents historiques, mais avec la situation avec l’Ukraine, Israël s’est comporté comme il le fait souvent – jouer avec les deux camps, jouer au ping-pong avec tout le monde », a déclaré le diplomate russe.

Alex Tanzer, un commentateur des affaires russes, affirme que la guerre en Ukraine et les sanctions de l’Occident ont transformé le différend sur l’église Alexandre Nevski, d’un conflit local à petite échelle en un conflit international. Transférer cette propriété symbolique aux mains des Russes en ce moment pourrait entraîner de graves conséquences diplomatiques pour Israël.