Notre-Dame : le projet d’aménagement intérieur sème le doute

04 Décembre, 2021
Provenance: fsspx.news

Plusieurs éléments du projet d’aménagement de l’intérieur de l’édifice ravagé en 2019 par un incendie qui demeure largement inexpliqué, ont transpiré dans la presse. La balle est désormais dans le camp de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture qui devra bientôt trancher.

Tandis que le voile se lève peu à peu sur le projet d’aménagement intérieur de Notre-Dame, la sensation de malaise augmente et prend forme, elle aussi.

Le Figaro du 25 novembre 2021 affirme que le projet rédigé par l’archevêché vient d’être partiellement transmise aux membres de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA). Ces derniers ont jusqu’au 9 décembre prochain pour l’étudier, avant de trancher.

Le but affiché par le père Drouin et l’architecte Jean-Marie Duthilleul, aux soins desquels l’archevêque de Paris – dont le Saint-Siège a accepté la démission le 2 décembre 2021 – a confié le projet, serait de « redonner du sens à une visite qui en manquait cruellement et marquer une nouvelle ère à l’intérieur des murs ». Le tout est de savoir si c’est le sens de la foi qui sera privilégié.

Une première modification concerne la circulation dans l’édifice : l’entrée devrait se faire désormais par le portail principal, et non plus par les entrées latérales, le but étant de faire passer les visiteurs de l’ombre à la lumière. Une idée qui pourrait se défendre et ne manquerait pas d’intérêt si la suite ne faisait pas craindre de tout gâcher.

En effet, le style du mobilier, autel, tabernacle, et cathèdre – l’endroit où l’évêque enseigne la foi – devrait être « contemporain » : on évoque l’existence d’un « chantier de création » censé les choisir, sans plus de détails, ce qui n’est pas fait pour rassurer, quand on connaît le mauvais goût liturgique actuel.

Les architectes mandés par Mgr Michel Aupetit ont également choisi de bousculer l’éclairage : ce dernier devrait varier en fonction des temps liturgiques, allant du plus sombre aux temps de pénitence, aux tons plus clairs lors des grandes fêtes.

Un choix une fois de plus à rebours de la conception des artistes médiévaux qui savaient jouer à bon escient avec la lumière venant de l’extérieur, image de la grâce qui inonde l’âme du croyant.

Exit encore les bonnes vieilles chaises en paille que l’on réservait jadis pour assister aux grands sermons de l’Avent ou du Carême, il faudra se faire une raison : elles devraient céder la place à des bancs facilement escamotables grâce à leurs roulettes intégrées, et dotés de lumignons.

Pour couronner le tout, des phrases lumineuses devraient orner les murs des chapelles latérales, incitant les visiteurs à la réflexion : seront-elles clignotantes ? fluorescentes ou phosphorescentes ?

Ce qui est certain, c’est que Notre-Dame ainsi « relookée » risque de faire pâmer d’envie plus d’une salle polyvalente de la grande banlieue parisienne…

On ne se sait pas ce que pense l’archevêque, désormais émérite, du projet dans sa totalité. Projet qui pourrait d’ailleurs être affecté par la démission de Mgr Michel Aupetit, qui laisse les rênes d’un diocèse fragilisé par plusieurs crises ces dernières années.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure, car la cathédrale emblématique si bien chantée par Victor Hugo en a vu d’autres tout au long de sa longue histoire.

Déjà, en 1756, des chanoines peu avisés, jugeant l'édifice trop sombre, avaient demandé aux frères Le Vieil de détruire les vitraux du Moyen Age et de les remplacer par du verre blanc ; après quoi on avait badigeonné les murs de l’édifice.

Les hommes passent, mais Notre-Dame de Paris, elle, demeure ce symbole inébranlable d’une France chrétienne qui a oublié – pour combien de temps encore ? –  les promesses de son baptême.