Pape François : un anniversaire moins “Urbi” qu’“Orbi”

17 Mars, 2023
Provenance: fsspx.news
Le pape François lors de l’Angélus, le 13 mars 2023, pour le 10e anniversaire de son élection

Cérémonie privée au Vatican, entretiens exclusifs du souverain pontife dans plusieurs médias internationaux : les dix premières années de pontificat du pape François ont été célébrées de façon contrastée, que l’on se place du côté de la presse ou des palais apostoliques. Avec en toile de fond les derniers soubresauts du chemin synodal allemand en guise de gâteau d’anniversaire.

Le dixième anniversaire du pontificat du pape François n’a pas vraiment fait rimer urbi avec orbi, comme c’est l’usage lors des bénédictions solennelles que le successeur de Pierre a coutume d’impartir à la Ville – Rome – et au monde entier, durant les grands événements qui rythment l’année liturgique.

Côté Urbi, l’ambiance n’était pas vraiment à la fête en ce 13 mars 2023 : pas de cérémonie publique, pas de bougies à souffler, pas de congé pour les employés du plus petit Etat du monde.

Juste une messe privée célébrée en présence des cardinaux résidant à Rome, non retransmise par les médias du Vatican, à la demande expresse du pontife argentin : le doyen du Sacré-Collège, le cardinal Giovanni Battista Re, a dû se résigner à prononcer son homélie devant un parterre clairsemé de porporati somnolents.

Tout au plus sait-on que le pape François, lors de la célébration, a fait un bref commentaire spirituel de la liturgie, appelant les cardinaux à cultiver la « miséricorde » et à ne « jamais prendre (leur) retraite », car « vos conseils sont toujours bons », a-t-il insisté.

De quoi faire sourire, oltretevere, quand on se rappelle l’autoritarisme exercé dans le cadre de la réforme de la Curie romaine, et le mouvement de concentration du pouvoir dans les seules mains de l’hôte de Sainte-Marthe.

Même à l’Angélus du 12 mars dernier, récité devant vingt mille pèlerins, le pape François n’a pas fait une seule allusion au dixième anniversaire de son pontificat : de quoi décevoir les nombreux fidèles venus de loin pour l’occasion.

Il faut dire qu’entre le procès historique qui se déroule derrière les murs du Vatican – procès dont l’une des dernières audiences vient de mettre en lumière comment le cardinal Angelo Maria Becciu a tenté de faire pression sur le pape afin de se faire innocenter – et les dernières réformes privant les membres de la Curie de certains avantages immobiliers, la morosité est plutôt de mise côté Urbi .

Côté Orbi en revanche, la discrétion cède la place à une surexposition médiatique : en quelques jours, le pape a accordé toute une série d’entretiens à plusieurs journaux du monde entier, s’asseyant au passage une fois de plus sur l’exclusivité des médias officiels du Vatican qui vivent depuis dix ans une véritable crise existentielle.

L’occasion pour le Saint-Père de valoriser la dimension réformiste de son pontificat : Synode sur la synodalité, porte ouverte à l’éventualité – assez floue somme toute – d’ordonner des hommes mariés. Tout en mettant en sourdine certains aspects plus autoritaires, comme le traitement expéditif réservé à la liturgie traditionnelle ainsi qu’aux religieux et aux fidèles qui lui sont attachés.

Pas de quoi faire oublier que la fête est bel et bien gâchée par le Chemin synodal allemand – une expérience de la synodalité grandeur nature appelée de ses vœux par le pontife régnant – qui vient de rendre, en ce mois de mars 2023, des conclusions toutes plus hétérodoxes et saugrenues les unes que les autres.

Comme si le pontificat inauguré en 2013 était désormais placé sous le signe du boomerang, dont le fameux effet de retour, fort périlleux, demeure mieux maîtrisé au cœur des déserts chers aux aborigènes, qu’au sein des palais feutrés du Vatican.