
Le 15 octobre 2021, le père Piotr Kot, président de la Conférence des recteurs des grands séminaires de Pologne depuis un an, a répondu aux questions de l’agence polonaise catholique KAI sur la cause de la crise des vocations.
Cette année, 242 séminaristes sont entrés dans les séminaires diocésains, et 114 candidats dans les ordres religieux, soit un total de 356 entrées contre 441 en 2020. Cette baisse de 20 % enregistrée en ce début d’année académique poursuit la tendance des années précédentes.
Depuis plus de 12 ans, le nombre de vocations sacerdotales en Pologne montre une baisse significative. Les entrées étaient de 498 dans les séminaires diocésains et les ordres religieux en 2019, 828 en 2012, et 1078 en 2007. C’est une diminution des deux tiers au cours des 15 dernières années, précisait déjà l’agence polonaise en 2020.
« Une crise des appelés »
Plus qu’une crise des vocations le père Kot entend parler de la crise des appelés, « car Dieu n’a certainement pas cessé de parler au cœur des jeunes ». Mais ceux qui entendent l’invitation à Le suivre, « parfois, se jugent indignes ou incapables d’une telle vie », a-t-il expliqué.
Agé de 46 ans, le prêtre polonais pointe du doigt un manque de modèles appropriés dans le foyer familial, des dépendances précoces, des problèmes de personnalité ainsi que des troubles de l’identité. « D’autres hésitent à suivre l’appel de la vocation parce qu’une image négative de l’Eglise et du sacerdoce est ancrée autour d’eux. »
De plus, ajoute-t-il, les jeunes du monde moderne ont de fortes tendances individualistes. Carrière, réalisation de soi, culture événementielle, ajouté à l’hyper-individualisme dans l’expérience de la foi rend difficile de prendre la décision de sacrifier sa propre vie pour les autres.
« Si un tel jeune ne s’engage pas dans une vie de prière profonde, ne trouve pas de directeur spirituel, ne reçoit pas de soutien dans une communauté qui vit avec enthousiasme une foi authentique, il peut difficilement répondre à l’appel », souligne le P. Kot.
« Un séminaire dans un diocèse contribue aux vocations »
Depuis 2013, recteur du Grand Séminaire du diocèse de Legnica, il est aussi coordinateur de la pastorale des jeunes dans le diocèse de Legnica et délégué de l’évêque pour la protection des enfants et des jeunes.
Ce qui amène le P. Kot à soulever un autre aspect qu’il qualifie de « vocationnel » : « La présence d’un séminaire dans un diocèse contribue à augmenter le nombre de personnes qui reconnaissent leur vocation. »
A la question d’établir des séminaires interdiocésains, le père Kot rappelle qu’un trop petit nombre de candidats ou des raisons économiques peuvent empêcher l’établissement ou le maintien d’un séminaire diocésain.
Mais avant de commencer le processus d’unification des séminaires, précise-t-il, il faut d’abord inviter les fidèles et les paroisses concernées à prier pour ceux qui sont appelés et à témoigner de la vie chrétienne.
Il est important, souligne-t-il, que la beauté de la foi et l’actualité de la mission soient clairement visibles : « Les jeunes sont très sensibles à l’authenticité et au sens de leur vocation. Ils sont attirés par les idéaux. Le fait est que ceux que le Seigneur appelle à la prêtrise peuvent s’émerveiller à la perspective de participer à la propre mission du Christ. »