
Alors que l’équipe du président Donald Trump a accepté d’engager la transition avec celle du démocrate Joe Biden – sans pour autant concéder à ce jour la victoire – la question du vote de l’électorat catholique le 3 novembre dernier, suscite l’intérêt des médias outre-Atlantique.
Un premier sondage sur le scrutin du 3 novembre 2020, publié par le Washington Post, tend à montrer que le candidat démocrate a remporté 51% de suffrages parmi les catholiques, contre 47% pour le président sortant.
Des données qui constitueraient un retournement de situation par rapport à 2016, où Donald Trump avait largement battu Hillary Clinton auprès de l’électorat catholique, 52 % contre 45.
Cependant, une seconde estimation, réalisée celle-là par The Associated Press, et Fox News, suggère un écart beaucoup plus serré, indiquant que les catholiques ont voté Trump à 50%, et Biden à 49%.
Nonobstant ces divergences, les deux sondages s’avèreraient « concordants, une fois les marges d’erreur prises en compte », et le vote des catholiques « se répartirait à égalité », selon Mark Gray, membre du Centre de recherche appliquée de l’université de Georgetown, cité par The National Catholic Register.
C’est d’ailleurs ce que reconnaît à demi-mot l’un des membres de l’équipe de Joe Biden : « il apparaît clairement que le vote catholique ne représente qu’un gain marginal pour Biden », explique John White, politologue de l’Université catholique d’Amérique, et coprésident de l’association Catholics for Biden.
Le son de cloche n’est pas tout à fait le même du côté de Brian Burch, président de l’association pro-Trump Catholic Vote : selon lui, les « vrais » catholiques ont voté Trump, car même en supposant que les sondages cités plus hauts soient exacts, leurs données font abstraction d’une distinction de première importance, à opérer entre les catholiques pratiquants réguliers, et les non pratiquants.
« Le vote catholique générique n’est pas une donnée pertinente, dans la mesure où une grande partie des personnes interrogées dans ce sondage de sortie des urnes, ne pratiquent pas ou ne prennent pas du tout la foi catholique au sérieux. Ainsi, en termes de pertinence pour l’Eglise, [parmi] ceux qui pratiquent encore la foi, Donald Trump a encore une fois remporté une victoire écrasante », a déclaré Brian Burch, pour qui « Trump a obtenu environ 60% des votes des catholiques pratiquants ».
Abondant dans le même sens, Andy Walworth, directeur de communication chez RealClear Media Group, a déclaré à EWTN News Nightly, que ce qui importait le plus au sujet du vote catholique est bien la distinction « entre ceux qui pratiquent chaque semaine, et les autres ».
« En Pennsylvanie, on a vu cette distinction de façon très nette, même brutale : les catholiques représentent environ 25 % de l’électorat, et parmi les catholiques pratiquants, Donald Trump fait 40 points d’écart. A l’inverse, il perd à 25 points d’écart, auprès des non pratiquants ».
Pour Brian Burch, il ne fait aucun doute que les catholiques qui ont voté pour Joe Biden, l’ont fait « parce qu’ils avaient un problème avec la personnalité de Donald Trump, et non pas parce qu’ils soutenaient la politique du candidat démocrate ».
Au cours des deux dernières décennies, l’électorat catholique s’est révélé une donnée cruciale, se portant tantôt sur le candidat démocrate ou le candidat républicain.
Ainsi, en l’an 2000, Al Gore a remporté de justesse 50 % des voix des catholiques, mais G.W. Bush a ensuite battu John Kerry, lui-même catholique, avec 52 % des voix des catholiques en novembre 2004. Barack Obama avait obtenu quant à lui la majorité des suffrages catholiques en 2008 et 2012.