Procès au Vatican : le cardinal Becciu crie au complot

02 Juin, 2023
Provenance: fsspx.news
Le président du tribunal Giuseppe Pignatone

L’atmosphère s’alourdit de plus en plus au procès du siècle du Vatican. L’un des principaux accusés, le cardinal Angelo Maria Becciu, vient de mettre en cause le tribunal du Saint-Siège, l’accusant « d’instrumentaliser le Saint-Père pour mener à bien un plan de vengeance malveillant ».

L’ancien substitut de la secrétairerie d’Etat fait face à ses juges, en compagnie de neuf autres prévenus, sous divers chefs d’accusation : investissement présumé frauduleux d’un montant de 350 millions d’euros ; suspicion de détournement de fonds au profit d’une organisation caritative dirigée par son frère ; relation complexe enfin, avec une consultante en communication accusée d’avoir profité de l’argent du Vatican pour des missions au sujet desquelles la clarté n’a pas vraiment été faite.

Le 26 mai dernier, le cardinal a fait part de son amertume en prenant la parole spontanément, déplorant la difficulté de ses avocats à obtenir les éléments à charge de l’accusation, et dénonçant aussi l’existence d’un « complot » contre lui, dans lequel le souverain pontife lui-même aurait été instrumentalisé, à son corps défendant, bien évidement.

Une déclaration dure qui fait suite au rejet de Giuseppe Pignatone, en sa qualité de président du tribunal du Saint-Siège, d’un recours de la défense exigeant l’accès à l’intégralité des interrogatoires de plusieurs personnages-clés de l’affaire, dont Mgr Alberto Perlasca ou Genevieve Ciferri, amie de la famille Perlasca.

Plus précisément, le matériel que les procureurs ont retenu comprend la transcription complète des interrogatoires de Monseigneur Alberto Perlasca, ainsi qu’une série de 126 échanges sur le réseau WhatsApp dans lesquels il se trouve impliqué.

Pour mémoire, Alberto Perlasca était le fonctionnaire du Vatican qui a joué un rôle de premier plan dans l’achat immobilier de Londres.

Le promoteur de justice – Alessandro Diddi, « bête noire » du cardinal Becciu – a en effet expurgé 119 éléments de preuve sur les 126 en sa possession. Dans sa décision lue à haute voix le 26 mai dernier, Giuseppe Pignatone s’est rangé du côté des promoteurs de justice arguant du fait que les procureurs ont un droit « incontestable » de conserver des preuves secrètes au cours d’une enquête en cours.

Le cardinal Becciu, qui était jadis l’un des porporati parmi les plus influents de la Curie romaine, et proche assistant du pape François, a déclaré que la décision du magistrat le laissait « amer » et « perplexe », mais qu’il maintenait toutefois sa confiance dans le tribunal du Vatican : « La défense a été humiliée, elle ne peut pas exercer pleinement ses droits si on la prive de certains éléments clés », a-t-il lancé à l’adresse de Giuseppe Pignatone.

Il faut rappeler que depuis le début du procès, la défense de l’ancien substitut de la secrétairerie d’Etat a dirigé son attaque sur le code juridique de l’Etat de la Cité du Vatican, un code qui, selon eux, prive les accusés de certains de leurs droits fondamentaux, en contradiction avec ce qui se passe dans d’autres « démocraties modernes ».

Même le rôle du pape François a été pointé du doigt par les avocats du cardinal : il faut dire que l’hôte de Sainte-Marthe a modifié la loi à quatre reprises en faveur des procureurs au cours de l’enquête…

D’où l’amertume d’un cardinal qui, depuis le bas de la roche Tarpéienne, conclut son adresse au tribunal en ces termes : « Vous ne pouvez pas utiliser le Saint-Père pour mener à bien un plan de vengeance malveillant. »