Suisse : la proportion des catholiques diminue

08 Janvier, 2022
Provenance: fsspx.news

L’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI) a publié le 10 novembre 2021 une étude intitulée « Evolution de l’effectif des fidèles au sein de l’Eglise catholique ces dix dernières années et perspectives d’avenir », réalisée en Suisse.

Les dernières statistiques de l’Eglise catholique romaine montrent que le taux des baptêmes diminue et que le nombre des sorties d’Eglise augmente. Jusqu’à maintenant, cet effet avait été atténué par l’immigration en Suisse de fidèles catholiques venus d’autres pays.

Mais parce que la tendance à vouloir quitter l’institution se manifeste chez des personnes de plus en plus jeunes, l’Eglise catholique en Suisse court le risque d’un vieillissement de ses membres plus rapide que celui de l’ensemble de la population, précise le SPI.

Si le nombre absolu des catholiques est demeuré stable, leur pourcentage au sein de la population globale est en constante diminution. Ce qui pose de nombreuses questions dont celle du choix des pastorales, celle du développement du personnel laïc. Et également celle – cruciale – du maintien ou non des bâtiments ecclésiaux.

L’Office fédéral de la statistique (OFS) précise qu’entre 2010 et 2019, la part des catholiques romains et des réformés évangéliques a diminué (respectivement de 4  et 5  points de pourcentage), à l’inverse de celle des musulmans ou communautés issues de l’islam (+ 1  point).

La part des communautés juives n’a pas changé, celle des personnes sans appartenance religieuse a progressé de 9 points. L’OFS mentionne que la Suisse compte 8,7 millions d’habitants, en 2020, dont 2,2 millions d’étrangers.

Les baptêmes en baisse

En Suisse, le baptême est dispensé dans la très grande majorité des cas à des enfants en bas âge. Le taux des baptêmes a diminué au fil des années dans l’ensemble des diocèses.

La baisse beaucoup plus brutale enregistrée entre 2019 et 2020 est à mettre essentiellement sur le compte de la pandémie du coronavirus : en 2020, 11.968 baptêmes (- 32% comparativement à 2019) ont été dénombrés. A noter également qu’en Suisse romande, l’Eglise catholique a subi une diminution sensiblement plus forte qu’en Suisse alémanique.

Les sorties d’Eglise restent élevées

En 2020, 31.410 personnes ont quitté l’Eglise catholique, soit presque autant que le record de 31.772 enregistré en 2019. A l’échelon de la Suisse le taux des sorties s’élève à 1,1%. A noter que les cantons de Genève, Valais, Neuchâtel et Vaud qui ne possèdent pas de corporations ecclésiastiques de droit civil (ni d’impôt ecclésiastique obligatoire) n’enregistrent pas de sorties d’Eglise.

Comparativement au nombre des sorties, celui des entrées ou des retours reste à un niveau bas depuis des années. En 2020, 735 personnes ont adhéré à l’Eglise catholique, contre 885 personnes en 2019. Le rapport entre les entrées et les sorties s’établit à 1 pour 42.

Tous les cantons font état d’une baisse de la part relative des catholiques au sein de la population résidente globale. L’effectif total des fidèles catholiques fin 2020 s’élevait à environ 3 millions de personnes.

De même, la part relative des membres de l’Eglise évangélique réformée au sein de la population a également diminué au cours des dernières décennies, et le nombre de ses membres s’élevait fin 2020 à environ 2 millions de membres.

Une Eglise en manque de piété

Déjà le 26 novembre 2019, l’Institut suisse de sociologie pastorale relevait dans son étude annuelle qu’au-delà du phénomène migratoire – qui fléchit légèrement –, deux facteurs décisifs expliquent les variations de l’effectif des membres : les entrées au sein de l’Eglise et les sorties de l’institution, ainsi que le comportement des parents catholiques vis-à-vis du baptême.

Le rapport annuel soulignait que c’est au niveau de la piété des fidèles et du comportement de ces derniers vis-à-vis du baptême que les responsables ecclésiaux pourraient avoir le plus de moyens d’action.

En effet, après le constat effectué de longue date d’une grande faiblesse du nombre des ordinations sacerdotales et des confessions sacramentelles – selon le rapport 2019 –, mais également le constat d’une baisse régulière des mariages à l’église, on observe ces dernières années un recul des baptêmes.

Pour conduire à plus ou moins long terme à une érosion croissante du nombre des fidèles. Quand on sait que derrière les chiffres des sorties d’Eglise, il se cache davantage de jeunes que de personnes d’un certain âge, force est de constater un recul plus marqué de l’appartenance à l’Eglise catholique au sein des nouvelles générations.

Et de poser en conclusion les questions suivantes, dans le sabir caractéristique des sociologues : « Les Eglises doivent-elles se profiler sur la base d’un lien plutôt étroit avec la tradition ou bien se distinguer de la société en tant que collectivité alternative ?

« Ou, plutôt, doivent-elles, au nom d’une confiance dans une tradition vivante et ouverte sur l’avenir, se mettre au service de la société et en rechercher la proximité ? Cela parce que ce n’est que dans une proximité avec les hommes qu’elle parviendra aussi à discerner ce qui constitue fondamentalement sa tradition ? »

– Ces interrogations alambiquées de l’Institut de sociologie pastorale suisse montrent clairement, 60 ans après le concile Vatican II, que l’aggiornamento voulu par ce dernier, loin de favoriser un développement de l’Eglise, n’a fait que provoquer un déclin doctrinal et une faillite pastorale. Ce sont les chiffres qui le disent.