
Des découvertes archéologiques remontant en partie à l’époque de Jésus ont été faites ces derniers mois à Gethsémani. Elles ont été présentées le 21 décembre 2020 à Jérusalem, en présence du Custode de Terre sainte, le père Francesco Patton, et d’archéologues israéliens ainsi que du Studium Biblicum Franciscanum, qui ont mené cette importante campagne de fouilles.
« Les récentes fouilles archéologiques, menées sur ce site par le ministère des Antiquités juives en collaboration avec le Studium Biblicum Franciscanum, confirment le caractère ancien de la mémoire et de la tradition chrétiennes liées à ce site. Gethsémani est l’un des plus importants sanctuaires de Terre sainte », a rappelé le P. Patton.
C’est à quelques pas du petit jardin situé à l’extérieur de la vieille ville de Jérusalem, dans la vallée du Cédron, au pied du Mont des Oliviers, là où Jésus s’est retiré en prière après la dernière Cène, avant d’être trahi par Judas et arrêté.
Lors de la construction d’un tunnel souterrain pour relier la basilique de l’Agonie à la vallée en contrebas, propriété des franciscains de la Custodie de Terre sainte, des découvertes ont conduit l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI) à entreprendre des fouilles archéologiques pour sauvegarder le site.
Et c’est ainsi que, durant les travaux, les ouvriers ont découvert les vestiges d’une église fondée à la fin de la période byzantine (VIe siècle après JC) et qui continua à être utilisée pendant la période omeyyade (VIIIe siècle après JC).
« Les salles découvertes sont postérieures à la conquête musulmane de Jérusalem en 638 après JC Les fouilles ont révélé une chapelle chrétienne avec une abside, très bien conservée », a précisé le P. Eugenio Alliata, archéologue du Studium Biblicum Franciscanum.
« Au centre, il devait y avoir un autel dont on n’a pas trouvé de traces. Ensuite, il y a une inscription grecque, encore visible aujourd’hui et datable du VIIe au VIIIe siècle après JC », a-t-il poursuivi.
Déchiffrée par le Dr Leah Di Segni de l’Université hébraïque de Jérusalem et par le P. Rosario Pierri du Studium Biblicum Franciscanum, l’inscription dit : « Pour la mémoire et le repos des amoureux du Christ [une croix] Dieu qui ont reçu le sacrifice d’Abraham. Acceptez l’offrande de vos serviteurs et donnez-leur la rémission des péchés [une croix]. »
A côté des vestiges de l’église byzantine, on peut encore voir la structure d’un grand hospice pour pèlerins ou d’un monastère de la période médiévale, équipé de systèmes d’eau sophistiqués et de deux grandes citernes de six ou sept mètres de profondeur, ornées de croix.
L’archéologue Amit Re’em a raconté que les croix avaient été gravement endommagées par des inconnus la nuit suivant la découverte des citernes : « Selon des rumeurs locales, une ancienne légende parlait d’un trésor d’or caché derrière les croix. C’est probablement ce que cherchaient ceux qui les ont détruites. »
A mi-chemin du tunnel, fut également mis à jour un bain rituel purificateur juif creusé dans la roche, datant du premier siècle, de l’époque du Second Temple, c’est-à-dire l’époque où Jésus a vécu.
« La découverte du bain rituel confirme probablement l’ancien nom du lieu, Gethsémani, a expliqué l’archéologue israélien. La plupart des bains rituels de la période du Second Temple ont été trouvés dans des maisons privées et des bâtiments publics, mais certains ont été découverts près d’installations agricoles et de tombes, dans ce cas le bain rituel est situé à l’extérieur.
« La découverte de ce bain, non accompagné de bâtiments, atteste probablement l’existence d’une industrie agricole ici il y a 2000 ans, produisant peut-être de l’huile ou du vin. Les lois juives sur la purification obligeaient les ouvriers de la production d’huile et de vin à prendre des bains de purification. La découverte du bain rituel pourrait donc suggérer l’origine du nom ancien du lieu, Gethsémani (Gat Shemanim, “moulin à huile”), un endroit où l’on produisait de l’huile, rituellement pure, près de la ville. »
Si à Jérusalem l’on trouve fréquemment des pièces archéologiques remontant à l’époque du roi Hérode le Grand ou des procurateurs romains comme Ponce Pilate, jusqu’à présent rien à Gethsémani n’avait été trouvé de contemporain à Jésus.