Une église restaurée en Irak pour aider les chrétiens qui veulent rester

06 Octobre, 2022
Provenance: fsspx.news
Le clocher effondré de l’église de Baghdeda

Ayant une longue expérience des persécutions, les chrétiens de Baghdeda (Qaraqosh) savent que les mauvais moments pourraient revenir, mais ils croient qu’une « Eglise qui n’est pas persécutée est une Eglise qui ne porte pas le Christ ».

C’est une belle journée à Baghdeda, et les familles affluent dans l’église de Saint Behnam et Sainte Sarah. L’intérieur de l’église est impeccable, et les bancs sont bondés de fidèles venus assister à la liturgie syro-catholique.

La tranquillité environnante rend difficile d’imaginer qu’il y a à peine huit ans, Baghdeda était entièrement occupée par des terroristes de l’Etat Islamique qui ont détruit le précieux et antique héritage chrétien, et brûlé et vidé Saint-Behnam.

« Quand j’ai visité la ville, quatre jours après sa libération, en 2016, c’était une dévastation absolue, l’église incendiée, le clocher renversé. Cependant, l’église est toujours debout, nous avons pu la restaurer », explique le Père George Jahola, originaire de Baghdeda.

Ces dernières années, l’église a fait l’objet d’une restauration. Les travaux d’intérieur ont été récemment achevés, et, avec l’aide financière de la Fondation pontificale Aide à l’Eglise en détresse (AED), les travaux ont enfin commencé à l’extérieur.

Cependant, les habitants de Qaraqosh n’ont pas attendu la restauration totale pour commencer à prier dans cette église alors qu’ils revenaient de leur exil au Kurdistan. « Après deux ans, nous avons décidé qu’il était temps de restaurer l’église, de donner de l’espoir aux gens », dit le Père George.

Un symbole et un témoin

L’espoir est nécessaire, même après la libération de la ville, alors que beaucoup sont encore tentés de chercher des terres plus sûres à l’ouest. « La restauration de cette église est un symbole de résistance, du fait de rester sur cette terre, de témoigner », explique le prêtre.

Le curé local, le Père Boutros Sheeto, confirme que la restauration de l’église est devenue un signe visible de la lutte plus vaste pour maintenir la foi chrétienne vivante en Irak. « La restauration de l’église donne à la communauté une force psychologique et morale. Sans cette reconstruction, de nombreuses familles d’aujourd’hui envisageraient d’émigrer ».

Que de nombreux chrétiens aient décidé de rester ne signifie pas qu’ils ne craignent pas le retour des persécutions. Beaucoup voient plutôt cela comme faisant partie de leur foi.

« Dès sa fondation, et jusqu’à ce jour, l’Eglise a été persécutée. Une Eglise qui n’est pas persécutée est une Eglise qui ne porte pas le Christ, parce que Jésus a été crucifié et a souffert au cours de sa vie et de sa mission. Si Jésus a souffert, est mort, a été enterré et est ressuscité, nous devons souffrir avec Jésus et souffrir avec l’Eglise », ajoute le Père Boutros.

Reconstruire les vies

Alors que d’anciens hymnes syriaques résonnent à nouveau dans l’église magnifiquement restaurée, cette journée est une journée d’action de grâces envers Dieu et de gratitude envers ceux qui ont rendu la restauration possible.

L’AED a été très active dans l’aide à la restauration du patrimoine chrétien et des infrastructures en Irak, en particulier depuis les terribles persécutions commises par l’Etat Islamique qui ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir au Kurdistan.

Après s’être concentrée sur la reconstruction de maisons dans les villes et villages chrétiens, l’œuvre de bienfaisance catholique a aidé à la restauration et à la construction d’écoles, d’églises et d’autres institutions cruciales pour aider à maintenir une présence chrétienne dans la région.