Une nouvelle locataire à la Villa Bonaparte

05 Avril, 2022
Provenance: fsspx.news
La Villa Bonaparte

Prestigieux emblème du réseau diplomatique, interface entre l’Elysée et le Saint-Siège, l’ambassade de France près le Saint-Siège vient de trouver sa nouvelle locataire, en la personne de Florence Mangin, comme le confirme le décret signé par le président de la République et publié au Journal officiel, le 29 mars 2022.

Diplômée de Sciences Po Paris et de l’ENA – promotion Condorcet, celle de Valérie Pécresse, candidate à l’élection présidentielle de 2022 et présidente de la région Ile-de-France – Florence Mangin est la deuxième femme à hériter d’un poste convoité, le plus ancien de la diplomatie française.

C’est en effet dans la foulée de l’essor des Etats pontificaux, fin XVe et début XVIe que naît officiellement l’ambassade française, en 1467, occupant d’abord le prestigieux Palais Farnèse – récupéré depuis par l’ambassade de France en Italie – puis l’iconique Villa Bonaparte, propriété construite pour le secrétaire d’Etat du pape Benoît XIV, et qui devait être utilisé par la famille du Corse : tout un symbole !

« De la fin de la guerre de Cent Ans jusqu’à la Révolution française, la France a envoyé auprès du Siège apostolique environ 57 ambassadeurs », précise Bernard Lecomte dans son Dictionnaire amoureux des papes, dont Chateaubriand qui y représenta le roi Charles X.

Si le personnel y est aujourd’hui des plus réduits, l’ambassade a cette particularité d’être dotée d’un institut culturel propre – le Centre Saint-Louis – et d’une fondation privée, les Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette, qui gère un parc immobilier de treize immeubles dans la Ville éternelle : de quoi lui assurer des revenus à la hauteur de sa mission.

Car l’erreur serait de voir en cette singulière ambassade un poste symbolique : comme le rappelle François-Xavier Tilliette, « par son vaste réseau de nonciatures (équivalents d’ambassades du Saint-Siège), qui interagissent avec les Églises locales, le Saint-Siège dispose d’un maillage qui permet des remontées de terrain ».

Mais n’occupe pas qui veut la fonction prestigieuse d’ambassadeur près le Saint-siège : en 2015, le candidat proposé par François Hollande n’avait pas reçu l’agrément de la secrétairerie d’Etat – un silence qui s’explique en raison de l’homosexualité avérée de l’impétrant. François Hollande avait refusé de céder, et la Villa Bonaparate est demeurée sans ambassadeur pendant plus d’un an…

L’ambassade de Florence Mangin ne sera pas en tout cas de tout repos : les questions sociétales – bioéthique, euthanasie, loi sur les séparatisme – montrent que la France et le Saint-Siège sont loin d’être toujours sur la même longueur d’onde, même si Mgr Paul R. Gallagher, numéro 3 de la secrétairerie d’Etat souligne, non sans humour, « l’excellente collaboration entre le Saint-Siège et la fille aînée de l’Eglise ».