Vatican : jugement de militants écologistes

26 Mai, 2023
Provenance: fsspx.news

Le 24 mai 2023 avait lieu la deuxième audience du procès intenté par l’Etat du Vatican contre deux activistes écologistes qui s’étaient collés à la célèbre statue du Laocoon en août 2022. Les accusés se sont défendus d’avoir voulu abîmer la sculpture, mais les représentants des « Musées des papes » ont affirmé pour leur part craindre un dommage « permanent ».

Le 18 août 2022, des activistes italiens de l’association Ultima Generazione s’étaient collés à la statue du Laocoon, dans le but de manifester l’inaction des autorités quant au changement climatique. Cette statue est datée du premier ou deuxième siècle après Jésus-Christ : elle a été redécouverte au XVIe siècle.

Une première audience préliminaire très brève avait eu le lieu le 9 mars dernier. Les prévenus sont accusés de dommages sur « monument public de valeur historico-artistique inestimable » à l’aide d’un adhésif « tenace et corrosif » : Guido Viero et Ester Goffi, qui s’étaient collés à la statue, étaient présents, mais Laura Zorzini qui avait pris des photos de la scène, était absente de cette audience.

Guido Viero, âgé de 62 ans, a expliqué qu’il avait souhaité mener une action pour sa fille et sa petite-fille, et « pour les générations futures ». Il voulait protester contre le manque d’investissement du gouvernement italien dans les énergies durables. Sur la base de la sculpture en question, les activistes avaient attaché un écriteau demandant « ni gaz ni charbon ».

Un symbole médiatique

Le juge Giuseppe Pignatone a fait remarquer que les Musées du Vatican étaient situés sur le territoire de la Cité du Vatican, et non en Italie. Guido Viero a répondu en arguant de la portée « plus médiatique ». Il a expliqué avoir choisi le Laocoon pour renvoyer au mythe de celui « qui chercha à avertir ses concitoyens des malheurs à venir ». La sculpture représente en effet le prêtre troyen qui tenta de démasquer la ruse du Cheval de Troie racontée dans l’Iliade.

Il aussi affirmé qu’ils avaient « absolument exclu » d’éventuels dommages. « Nos actions ne vont jamais porter atteinte aux personnes ou aux objets », a-t-il déclaré. Les prévenus s’étaient ainsi « informés » sur le matériel utilisé : un adhésif « qui s’enlève facilement à l’acétone ».

L’autre prévenu, Ester Goffi, diplômée d’art contemporain, a affirmé ne pas avoir été au courant des éventuelles dégradations qu’aurait pu subir la statue. Un expert lui avait certifié que ce produit ne laissait pas de trace sur la peau ni dommage sur le marbre. Elle n’avait d’ailleurs eu aucun préjudice lors des opérations de détachement.

Les témoins des Musées du Vatican

Plusieurs témoins, dont un agent de la sécurité, un gendarme, et le responsable de la restauration des Musées, Guy Devreux, contacté pour réparer le Laocoon, ont été entendus. Ce dernier a indiqué à la Cour que les travaux de restauration du marbre avaient nécessité moins de temps que le devis initial le prévoyait – qui était d’un peu plus de 15.000 euros.

Au total, il a fallu une semaine aux experts, notamment parce que les Musées avaient demandé « un travail rapide » a-t-il expliqué. En l’état actuel des choses, Guy Devreux a évoqué un dommage qui pourrait être « permanent », car l’intervention réalisée n’a servi qu’à « masquer » les dégradations subies par le marbre.

La base, sur laquelle se sont collés les activistes, fait « partie intégrante » de l’œuvre d’art, a aussi affirmé le restaurateur. La partie supérieure de la base « soutient toute la sculpture », a-t-il expliqué, précisant que cette base était datée d’entre 1815 et 1957. L’affaire a été mise en délibéré et la sentence sera prononcée lors de l’audience fixée le 12 juin.