Venezuela : l’Eglise s’oppose à l’Etat sur l’enseignement privé

29 Mars, 2021
Provenance: fsspx.news
Le palais présidentiel du Venezuela

Le gouvernement socialiste présidé par Nicolas Maduro souhaite faire passer la gestion des personnels de l’enseignement catholique sous le contrôle de l’Etat. Une prétention contre laquelle s’élève l’épiscopat vénézuélien, dans un pays ruiné par une crise politique et financière sans précédent.

Le torchon brûle entre le gouvernement vénézuélien et l’épiscopat. En cause, une circulaire du 9 mars 2021 émanant du ministère du pouvoir populaire pour l’Education – l’équivalent français de l’Education nationale – qui stipule que les salaires des employés de l’enseignement privé catholique seront désormais versés via la plate-forme numérique gouvernementale Sistema Patria, sur laquelle ils devront être inscrits.

Le chef de l’Etat vénézuélien, le socialiste Nicolas Maduro, a créé un réseau public baptisé Sistema Patria en 2015. Il s’agit de collecter et d’unifier toutes les données sociales des usagers, et de les utiliser ni plus ni moins à des fins de contrôle de la population.

Officiellement, il s’agit de faire face aux « effets de la guerre économique » avec les Etats-Unis, ou aux ravages de la Covid-19.

Déjà vingt millions de Vénézuéliens ont été plus ou moins « incités » à s’inscrire sur la plate-forme gouvernementale : « Sistema Patria permet à tout le monde d’acquérir plus facilement des biens et des services de manière rapide, simple et sûre », clame-t-on au sommet de l’exécutif.

L’épiscopat, face à ce qu’il estime être une tentative de mainmise sur le secteur éducatif privé, a réagi par un communiqué publié le 15 mars dernier : la Conférence des évêques du Venezuela (CEV) y exprime sa préoccupation face à une décision qui « porte atteinte à l’autonomie financière des centres éducatifs, et viole les accords en vigueur avec le gouvernement ».

Pour les prélats vénézuéliens, il y va de la survie de l’enseignement catholique : « le succès d’un modèle éducatif exige que soient pensés ensemble le projet éducatif, la gestion financière et la direction des ressources humaines. (...) Jusqu’ici, les accords en vigueur ont permis de dispenser une éducation de qualité qui correspond à la mission confiée », explique la CEV.

En 2021, l’enseignement catholique vénézuéliennes (AVEC) compte 831 établissements scolaires bénéficiant d’une convention avec l’Etat, et emploie plus de 35 000 salariés.

Côté épiscopat, pas question de baisser la pression sur le gouvernement : « nous souhaitons que, dans les prochains jours, les autorités puissent revenir en arrière. (...) Nous ferons tout notre possible pour inverser la situation », conclut le communiqué de la CEV.

La situation politique demeure plus que jamais bloquée au Venezuela : la politique de déstabilisation du président chaviste Nicolas Maduro, programmée par l’administration Trump, s’est soldée par un échec retentissant.

Mais les sanctions économiques internationales demeurent, et pèsent lourd sur un pays marqué par sept années de récession économique, et désormais confiné, une semaine sur deux, en raison de l’épidémie de Covid-19.

Dans un pays où 92% des habitants se déclarent catholiques, le pouvoir en place, plus isolé que jamais, n’a pas vraiment intérêt à s’aliéner la hiérarchie ecclésiastique sur son propre sol.