25 mars : l’Annonciation, majestueuse simplicité

Source: FSSPX Actualités

« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une bourgade de Galilée du nom de Nazareth, auprès d’une Vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la Vierge était Marie. »

Lisons et relisons ce texte, inlassablement. C’est un chef d’œuvre.

Ces lignes incomparables, tirées de l'évangile selon saint Luc (1, 26), sont à la fois d’une majesté sublime et d’une simplicité désarmante.

Majesté et simplicité : comment a-t-on pu unir à ce point, et surtout avec autant d’opportunité, deux qualités apparemment si inconciliables ?

Lorsque la liturgie décrit le mystère de l’Incarnation rédemptrice, elle s’exclame : Dieu rendit la paix aux hommes en réconciliant en Lui les extrêmes ; en joignant en Lui les réalités les plus basses aux réalités les plus hautes : en latin, « ima summis ».

Ainsi, ce que le Verbe de Dieu a réalisé dans le chef d’œuvre de l’Incarnation, en unissant hypostatiquement la pauvreté de sa nature humaine et la sublimité de sa nature divine, il nous le raconte dans l’Évangile avec un contraste qui vient souligner admirablement, et avec une justesse éloquente, le contraste du chef d’œuvre lui-même.

L’archange est envoyé comme un ambassadeur, désigné par le Très-Haut pour porter le message le plus solennel qui se puisse concevoir, à la femme choisie et bénie entre toutes, à ce sommet éblouissant de sainteté, future mère de Dieu et reine de l’univers… Mais il se dirige alors vers une pauvre bourgade de Galilée, vers cette Nazareth méprisée pour son obscurité, où demeure une simple vierge, fiancée au pauvre charpentier de la cité…

Cette Vierge nous est présentée de la façon la plus simple et la plus ordinaire : son nom était Marie… Et pourtant sa beauté ravit Dieu, qui a mis en elle les perfections les plus merveilleuses, et en a fait un trésor de grâce et de vertu…

Son nom ne nous est donné qu’à la fin : un long cortège de précisions le précède, comme si nous la devinions seulement de loin, n’avançant vers elle que très progressivement, et comme impressionnés par la distance qui nous en sépare. Après avoir croisé saint Joseph, on la découvre enfin peu à peu, toute illuminée par l’ascendance royale de son futur époux. En compagnie du noble archange, on se sent tout intimidé d’être introduit auprès d’une personne si auguste…

Mais voilà que, loin d’apparaître inaccessible, elle s’offre à nous dans le silence d’une humble prière, cachée aux yeux des hommes, ignorante de sa splendeur. À l’Ave de l’ange, tout rempli de respect et de vénération, mais aussi d’amour et de confiance, elle se trouble soudain, confuse de cette salutation qu’elle ne comprend pas. Elle nous paraît si simple et si douce dans son attitude qu’on en vient presque à oublier sa dignité suréminente.

Alors, avec des mots d’une délicatesse splendide, la solennelle Annonciation se fait entendre : celle de l’avènement d’un fils, fils de la Vierge et Fils de Dieu, Fils du Très-Haut, qui sera grand, héritera le trône de David, son père, et qui règnera éternellement : à son règne il n’y aura point de fin…

Puis l’écho de la Vierge, en un murmure adorateur, révèle les prémices de l’amour maternel : « Voici la servante du Seigneur ; Fiat ».

Sa modestie nous séduit d’autant plus que l’annonce était plus grandiose…

Après l’auteur sacré, Fra Angelico sut rendre à son tour, avec une grâce charmante, les contrastes saisissants de cette scène.

Il nous appartient de les imiter. Comment cela ? Tout simplement par la récitation de notre rosaire, en priant ces Ave qu’on égrène un à un. Approchons-nous de la Vierge avec respect et vénération, autant qu’avec aisance et amour.

Et honorons ainsi par notre humilité sa majesté ; sa simplicité par notre confiance.