Afrique : l’Ouganda pénalise l’homosexualité
L’Ouganda a adopté, le 24 février 2014, une loi interdisant toute forme de promotion de l’homosexualité, condamnant « l’aide apportée aux homosexuels, bisexuels ou transgenres » et incitant à la « dénonciation de quiconque s’affiche comme homosexuel ». Certaines peines peuvent aller jusqu’à la prison à vie, en cas de récidive. Adoptée mi-décembre par le Parlement avant d’être ratifiée par le président Yoweri Museveni, cette loi a soulevé la protestation de la communauté internationale.
Peu de temps avant sa promulgation, Barack Obama avait déclaré le 17 février qu’elle risquerait de « compliquer les relations entre Washington et Kampala », selon des propos repris par l’AFP le même jour. Le président des Etats-Unis insinuait que l’aide américaine, qui s'élevait en 2013 à 265 millions de dollars, pourrait fortement baisser.
Ce à quoi le président ougandais a répondu le 24 février : « Les étrangers ne peuvent pas nous donner des ordres. C’est notre pays. (…) Imposer des valeurs sociales d’un groupe à notre société, c’est de l’impérialisme social. Maintenant, vous nous dites que nous devrions vivre comme vous. Pas du tout ! ».
A l’instar de l’ensemble des organisations de « défense des droits de l’homme », les responsables du magazine jésuite américain America ont dénoncé cette nouvelle loi, le 25 février dans une lettre ouverte. « En tant que chrétiens, nous nous préoccupons des atteintes à l’encontre de la dignité humaine », ont-ils écrit.
Relayé par le site d’information en ligne The Huffington Post, le groupe de jésuites a indiqué se référer « au Catéchisme de l’Eglise catholique, qui enjoint au respect, à la compréhension et à la compassion envers les homosexuels » (cf. CEC, n° 2358).
Mais ces jésuites omettent de citer le n°2357 où l’on peut lire : « S’appuyant sur la Sainte Ecriture, qui les présente comme des dépravations graves, la Tradition a toujours déclaré que ‘les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés’. Ils sont contraires à la loi naturelle. (...) Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.» - NDLR).
Selon les religieux, « le ferme soutien de l’Eglise envers le mariage traditionnel doit être accompagné d’une tout aussi ferme défense de l’application des droits humains fondamentaux pour les gays et les lesbiennes. » (sic)
Le 3 mars dernier, le cardinal ghanéen Peter Turkson a déclaré que « les homosexuels ne sont pas des criminels ». Le président du Conseil pontifical de Justice et Paix a affirmé lors d’une conférence sur « l’Eglise et les droits de l’homme », à Bratislava, en Slovaquie, qu’il n’était « pas imaginable qu’une personne puisse être condamnée à la prison à vie pour son homosexualité. »
Dans des propos repris par le quotidien britannique Catholic Herald le 4 mars, il a toutefois enjoint la communauté internationale à poursuivre son aide à l’Ouganda. Tout en réaffirmant leur opposition à l’homosexualité, les évêques catholiques d’Ouganda ont émis quelques réserves sur la nouvelle législation.
Selon une dépêche de l'agence de presse américaine Catholic News Service (CNS) du 2 mars, ils se sont déclarés « contre des sanctions sévères », soulignant que les homosexuels devaient être traités « avec compassion » et qu’ils « peuvent changer ».
(Sources : apic/the huffington post/afp/cns – DICI n°293 du 28/03/14)