Allemagne : Dachau, « le plus grand cimetière de prêtres catholiques »
Le camp de Dachau.
En 1937, les évêques allemands écrivirent un mémorandum au ministre chargé des questions religieuses, afin de protester contre l'attitude du régime hitlérien à l'égard des catholiques, et le pape Pie XI publia en mars 1937 l'encyclique Mit brennender Sorge (Avec un souci brûlant), dans laquelle il fit part de son inquiétude en raison de multiples violations du Concordat de la part du gouvernement nazi.
Des centaines de milliers d'exemplaires de ce document furent imprimés et distribués clandestinement en Allemagne ; les nazis, en représailles, arrêtèrent des prêtres et des adolescents ayant distribué des exemplaires de l'encyclique, et les déportèrent en camp de concentration. Les premiers prêtres arrivent en 1938 dans le camp de concentration de Dachau, à 17 km au nord-ouest de Munich, avant même la Deuxième Guerre mondiale. De 1938 à 1945, 2.579 prêtres, séminaristes et religieux catholiques, furent déportés par les nazis à Dachau, dont 1.780 Polonais, 447 Allemands et Autrichiens, 156 Français, à côté des Italiens, Tchécoslovaques, Luxembourgeois, Néerlandais, Yougoslaves. Dès 1940, Pie XII demande que les prêtres disséminés dans différents camps soient rassemblés dans un seul et même lieu. Regroupés à Dachau dans des « blocks » dits « baraques des prêtres », partageant le sort commun des déportés, 1.034 d’entre eux y mourront de faim, de froid, de maladies, du travail harassant ou sous les coups des SS et des ‘kapos’, ces détenus chargés de faire régner la discipline. La grande majorité de ces prêtres et religieux de tous âges résisteront, soutenus par leur foi, souvent jusqu'au martyre.
Autour de Mgr Gabriel Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, fidèle au Maréchal Pétain et déporté à Dachau pour son soutien aux filières d'hébergement des Juifs, tous ces ecclésiastiques s’efforcent de maintenir intacte leur vie spirituelle et sacerdotale dans l’unique chapelle autorisée dans le système concentrationnaire où ils pourront dire des messes. Un survivant témoignera que c’est le fait que le prêtre dise « les mêmes paroles latines que tous ses confrères, à la même heure, répétées dans le monde entier » qui lui fit oublier l’enfer concentrationnaire. Guillaume Zeller, directeur de la rédaction de la chaîne Direct 8, ancien chargé d'enquêtes au service historique de l'Armée de Terre, raconte à partir de nombreux témoignages et d'une abondante documentation la vie de ces prêtres, religieux et séminaristes catholiques à Dachau dans son ouvrage La baraque des prêtres. Dachau 1938-1945, paru aux éditions Tallandier.
(Sources : apic/tallandier/lelitteraire – DICI n°311 du 27/02/15)