Allemagne : Drewermann, Gaillot, Kasper, Küng invités au Katholikentag

Source: FSSPX Actualités

 

Pour sa part, l’évêque français démis de ses fonctions, Jacques Gaillot, juge la séparation entre prêtres et laïcs infructueuse. Les fonctions dans l’Eglise devraient être attribuées à terme sans distinction de sexe et de statut social. L’ancien évêque d’Evreux pense notamment à la prédication, à l’activité d’aumônier et aux sacrements… Les chrétiens sont heureusement devenus adultes, affirme-t-il, mettant en cause l’attitude de l’Eglise face au problème du manque de prêtres, "qui est simplement géré", par l’apport de Polonais et d’Africains. Or, ce serait l’occasion de repenser la fonction du prêtre.

Eugen Drewermann réclame des prêtres élus par la base. Jusqu’à maintenant, tout est pensé depuis en haut. A l’idée de Dieu dans le ciel, a suivi celle de son représentant sur terre, le pape. Celui-ci désigne des évêques, qui eux-mêmes ordonnent des prêtres. Or, les conditions d’accès à la prêtrise, comme le célibat et le devoir d’obéissance, sont scandaleuses, estime-t-il. Aussi longtemps que les prêtres catholiques agiront, "avec le doigt levé", comme des intermédiaires entre Dieu et les hommes, ne concédant à ces derniers aucune liberté, ils les laisseront"partagés entre la confiance et la peur".

Le 18 juin, le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, affirmait que la communion eucharistique entre chrétiens était possible dans certains cas, au cours d’une conférence sur le thème "L’œcuménisme de la vie". La communion eucharistique connaît "une règle", a souligné le cardinal allemand. "Chaque chrétien pratique la communion au sein de sa propre Eglise. Mais il y a des circonstances pour lesquelles un non-catholique peut recevoir la communion au cours d’une messe catholique. Il n’est pas pour le moment possible d’énumérer tous les cas pour lesquels cela est licite", a-t-il déclaré devant plus de deux mille personnes.

"Nous nous trouvons, du point de vue de l’œcuménisme, à un stade intermédiaire", d’après l’ancien évêque de Stuttgart. "Le mur entre les confessions est tombé, mais il reste encore tant de blocs autour qui rendent difficile le passage". Selon lui, il y a deux courants dans l’œcuménisme : l’utopie progressiste qui consiste à croire qu’il n’y a plus de différence entre les confessions, et la pensée "cléricale-intégriste" qui pense régler les problèmes à travers les interdits. "Cette dernière position détruit toute possibilité de développement".

Le samedi 19 juin, c’était le théologien suisse, interdit d’enseignement depuis 1979, Hans Küng qui débattait avec le cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande, sur le thème "A quoi sommes–nous appelés aujourd’hui?" . "Je peux affirmer ouvertement que cette invitation m’a fait très plaisir, après tant d’années de silence radio entre l’épiscopat allemand et moi", a-t-il affirmé. "C’est un progrès non seulement pour moi personnellement, mais aussi pour l’Eglise en Allemagne". Le débat portait sur l’avenir de l’Eglise catholique, 40 ans après la parution de la Constitution conciliaire Lumen Gentium.

Ce 95ème Katholikentag a réuni 26.000 participants dans une ambiance festive et multiculturelle; il s’est terminé par une messe et une célébration œcuménique. Le cardinal Karl Lehmann a souhaité encore plus de coopération et de partage avec les protestants et les orthodoxes.

En revanche, l’archevêque de Bamberg, Mgr Ludwig Schick, et l’évêque de Regensburg, Mgr Gerhard Ludwig Müller, ont fortement critiqué l’invitation faite à Drewermann, "un homme qui agit contre l’Eglise". "Qu’un forum soit offert à un Drewermann" lors d’une telle rencontre constitue un "signe de décadence dans l’Eglise" contre lequel nous devons combattre, a déclaré Mgr Müller. Et Mgr Schick a affirmé qu’une fois de plus, l’Eglise se présentait comme "un club de débats sur tout et chaque chose". Selon lui, la plus grande attention a été apportée à ce "critiqueur professionnel de l’Eglise" qu’est Eugen Drewermann. Le Katholikentag ne consacre qu’une "percée" à Jésus Christ et se caractérise davantage par son absence d’orientation.