Amoris lætitia : de l’exhortation aux sessions de recyclage obligatoires

Source: FSSPX Actualités

Mgr Pio Vito Pinto.

Du 8 au 10 mars 2018, le doyen de la Rote romaine, Mgr Pio Vito Pinto, a dirigé en personne un séminaire consacré à Amoris lætitia, dans le diocèse d’Austin au Texas. En ligne de mire : les dubia des quatre cardinaux, la correction filiale et la profession de foi de Mgr Schneider.

L’information a été relayée par le Catholic Herald dans son édition numérique du 9 mars 2018. Le séminaire était obligatoire pour tout le clergé du diocèse d’Austin, et « ouvert aux évêques, prêtres, membres de l’officialité, diacres permanents, ainsi qu’à tous les laïcs qui collaborent » avec l’Eglise dans les domaines du mariage et de la famille.

Le fait que Mgr Pinto - ardent promoteur d’Amoris lætitia - se soit déplacé en personne, en sa qualité de doyen de la Rote, bien loin des bureaux romains, semble être le signe, selon le Catholic Herald, d’un souci tout particulier d’imposer aux Etats-Unis une interprétation « large » de l’exhortation post-synodale qui divise l’Eglise depuis presque deux ans.

Le titre des conférences laissait peu de doutes à ce sujet : « Le discernement, une méthode nécessaire de la réforme », et « Amour et crise dans le mariage et la famille à la lumière du magistère des deux derniers Synodes », sans oublier « Réconciliation et Eucharistie concernant les divorcés remariés : orientations pour sauver les âmes ».

Les différentes interventions semblent avoir été préparées par le doyen lui-même, de façon très personnelle : interrogé par le quotidien britannique, un juge de la Rote a déclaré « ne jamais avoir entendu parler de ce séminaire ».

Pour mieux cerner, s’il était besoin, le profil de Mgr Pinto, on se rappellera que ce dernier - lors d’une conférence de presse du 29 novembre 2016, rapportée par La Croix - avait déclaré au sujet des dubia émis par les cardinaux Burke, Brandmüller, Caffarra et Meisner, que « ce qu’ils ont fait est un scandale très grave qui pourrait conduire le Saint-Père à leur retirer le chapeau cardinalice ».

Ce n’est pas la première fois que le doyen de la Rote laisse ses fonctions à Rome et intervient de façon directe dans un diocèse, afin d’imposer son interprétation large d’Amoris lætitia : en août 2017, les épiscopats du Costa-Rica, du Nicaragua et du Panama avaient été convoqués à une semblable session de recyclage.

Les collaborateurs de Mgr Pinto verront peu leur doyen dans les mois à venir : le Catholic Herald croit savoir que le prélat a prévu de dispenser son enseignement au clergé mexicain l’été prochain…

Comme l’a déclaré le cardinal Willem Eijk, évêque d’Utrecht, au début du mois de mars 2018 : « la question de savoir si les soi-disant divorcés remariés peuvent être admis à recevoir l’absolution et la sainte Eucharistie, voilà ce qui déchire aujourd’hui l’Eglise ».

Si les sessions animées par Mgr Pinto ne réaffirment pas la doctrine claire et traditionnelle de l’Eglise catholique - ce que tout porte à craindre -, nul doute que la confusion ne s'amplifie encore.